Affaire de corps

Le corps a ses raisons…

Le corps et les mots font bon ménage. En voici la preuve par deux: un roman de Daniel Pennac et un récit de Jeanne Cordelier. 

la sélection « poche » de Pascale Frey

 
Journal d'un corps
Daniel Pennac

"Ma chère Lison, te voilà revenue de mon enterrement, rentrée chez toi, tristounette forcément..." Le texte de Daniel Pennac commence fort et le lecteur n'est pas au bout de ses surprises. Ladite Lison, de retour à la maison donc, reçoit un paquet post-mortem de son père. Il s'agit de son journal, mais un journal un peu particulier, puisqu'il s'agit de celui de son corps ("la vie romanesque des chairs et des viscères, des fluides et des nerfs"), tenu de septembre 1936 (le narrateur avait 12 ans) à octobre 2010. Seul Pennac pouvait oser l'aventure... et la transformer en best-seller. Le roman a paru en 2012, l'année suivante sortait la version bande dessinée, en collaboration avec Manu Larcenet. Voici aujourd'hui une édition augmentée en poche. Le lexique vaut à lui seul le coup d'œil, puisqu'on y trouve entre la "langue" et les "lignes de la main", "lapidation à coups de figue". Nous voilà rassurés: Pennac est plus proche de Prévert que du Vidal !

 
 
Reconstruction
Jeanne Cordelier

Personne n'a oublié "La Dérobade" de Jeanne Cordelier, dans lequel l'ancienne prostituée devenue romancière racontait l'effrayant quotidien qui fut le sien pendant cinq ans. Un best-seller dès sa parution, en 1976, puis une adaptation au cinéma avec Miou Miou et Daniel Duval. Il y eut ensuite d'autres livres, des romans, avant de revenir à l'autobiographie avec "Reconstruction". Une reconstruction qui passe, entre autres choses, par la reconquête d'un corps meurtri et abusé depuis l'enfance, et par un récit qui représente "le versant lumineux de la Dérobade", comme l'écrit son amie Benoîte Groult dans sa préface. Benoîte, dont le mari Paul Guimard, fut le premier éditeur de Jeanne Cordelier.

 
 
 
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