Pascal Fournier
Le Passeur éditeur
litterature
mai 2014
302 p.  20,50 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
Toute ressemblance avec...

Une bataille pour l’investiture dans une grosse ville de France, aux élections municipales, sur fond de chantage et de fausses factures, ça vous rappelle quelque chose ? Pascal Fournier, l’auteur de ce polar politique, précise qu’il s’agit bien d’une « œuvre de fiction », même s’il connaît parfaitement la chanson : ancien adjoint au maire de la première ville des Hauts-de-Seine, en charge de la culture de 2008 à 2011, il a démissionné à la suite de la scission de la majorité municipale (ancrée à droite). Trois ans plus tard, il signe un premier roman d’anticipation (tout se passe en 2019) très inspiré du milieu qu’il a côtoyé…

Irina Bartholdi, présidente d’une agence de coaching, Gagneur & Cie, et non accessoirement maîtresse du président de la République, décide de s’emparer, avec sa pleine bénédiction, de la mairie de Boulogne-Billancourt. Au grand dam du premier adjoint, qui lui déclare la guerre. L’une est sublime et, du haut de ses Louboutin, fait fantasmer les hommes, l’autre ressemble à Quasimodo, mais tous deux sont passés maîtres dans l’art du machiavélisme.

 

« La Valse du singe » est une fiction, mais assortie de nombreuses scènes que l’on sent « vécues » ! Est-ce un livre « règlement de compte » ou le début d’une nouvelle carrière littéraire ?

Je suis déjà en train d’écrire deux autres livres, et j’ai toujours beaucoup écrit : paroles de chansons, sketches, poésie, bandes dessinées, j’ai aussi été écrivain-fantôme. Avant de créer mon agence de communication, j’ai eu une carrière de journaliste. A 25 ans, j’ai fait partie de l’équipe de Jean-Edern Hallier à « L’Idiot international » (sous le pseudonyme de Rascal Nourfié). Ma culture est éclectique, philosophie, littérature, musique, peinture, théâtre… tout m’intéresse depuis tout jeune. Un de mes ancêtres, Barbey de Jouy, fut conservateur au musée du Louvre, qu’il a fini par diriger.

Si message il y a, qu’avez-vous cherché à dire à travers votre livre ?
« La Valse du singe » a vocation à dénoncer le bouillon de culture dans lequel fermente le virus de l’ambition et de la politique. Ceux qui boivent l’élixir politique tombent dans l’addiction. Je parle de la vanité du politique aussi.

Qu’y a-t-il de vous dans ce roman ?
Peut-être un peu de Denis du Tertre, l’homme de main d’Irina Bartholdi, et de Jérôme Ballard, l’adjoint au maire délégué à la culture. Pourquoi ? Parce que c’est une parabole sur la mort et la renaissance. Jérôme Ballard n’est pas meilleur que les autres, il est narcissique, peut-être très doué, trop fragile certainement.

Et vous vous êtes enfermé pour écrire ?
Oui. J’ai tout arrêté pendant trois ans, je me suis retrouvé seul, avec la famille et les amis heureusement. L’écriture contrairement au reste vient des tripes. Ce n’est pas un acte de « paraître » mais d’authenticité et de vérité. Comme le disait Michaux : « Écrire, c’est crier avec un « e » muet ».

Pourquoi situer votre roman aussi explicitement à Boulogne-Billancourt ?
J’aurais pu l’appeler « Cologne-Cliancourt », parler de l’île de la chèvre, cela aurait été un peu gros… Il se trouve que Boulogne est une ville que j’aime et connais par cœur, même si la situation décrite est transposable dans n’importe quelle autre ville. Voyez ce qui s’est passé à La Rochelle, dans certains arrondissements de Paris où deux listes d’un même bord se sont affrontées. Finalement, c’est Boulogne l’héroïne du livre !

Tout de même, cela ressemble bien à un règlement de compte ?
Non. « Il ne sert à rien de tuer le serpent qui vous a piqué mais il faut soigner le poison qu’il a laissé en vous » (proverbe chinois). En revanche, j’ai voulu montrer les dessous peu affriolants d’une certaine politique. La politique est peut être le plus beau métier du monde, mais il ne faut pas que ça devienne le plus vieux !  

Quels sont vos modèles littéraires ?
Boris Vian, Alexandre Vialatte, Cioran, Albert Camus, Jorge Luis Borges…

« La Valse du singe » est-elle un miroir de notre société ?
La course à la peoplisation et les journaux à scandales poussent la politique à la starification. On se gorge de la chute et du déclin des hommes. On projette sa propre vie dans celle de ceux qu’on admire et qu’on envie. C’est aussi parfois un dénigrement de soi et une forme de paresse.

Propos recueillis par Kate Van de Maele

 
 
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