Edmundo Paz Soldan
traduit par Robert Amutio
Gallimard
Du monde entier
novembre 2014
337 p.  26 €
ebook avec DRM 18,99 €
 
 
 

Le critique invité

Bruno Corty (Le Figaro) a aimé « Norte »  de Edmundo Paz Soldan (Gallimard)

 

« Lorsque j’ai reçu ce livre, le nom d’Edmundo Paz Soldan me rappelait quelque chose. Il y a quatre ans, les éditions Gallimard avaient publié une anthologie de nouvelles d’auteurs sud-américains, parmi lesquels il n’y avait qu’un seul Bolivien, Edmundo Paz Soldan. Son texte était étrange, mais je l’avais gardé en tête.

Il est né en 1967 et est parti aux Etats-Unis en 1985, où il est devenu professeur de littérature hispanique à l’université de Cornell. Il a beaucoup publié, une vingtaine de titres, mais c’est son premier roman traduit en français. Il a été soutenu par Maria Vargas Llosa, ce qui n’est pas anodin. Son livre est trapu, très ambitieux, et se déroule à trois époques, en Amérique: 1931, 1984, 2008. Epoques qui finiront par se rejoindre.

Il s’est inspiré de deux faits divers et donc, deux de ses personnages sur les trois sont réels. En 1931, un père de famille mexicain, un homme très silencieux, est fasciné par les images. Il dessine tout le temps, partout. Martin Ramirez deviendra un maître de l’art brut. Le deuxième est un jeune Mexicain qui travaille pour les cartels. Un jour, il tue une personne. Et comme ça lui fait plaisir, il décide de continuer. Il devient tueur en série, et sera exécuté en 2006. Enfin, le troisième personnage est une jeune femme qui étudie l’histoire des langues avec un professeur argentin. Elle vit avec un garçon, spécialisé dans les serial killers. On lui parle aussi de ce peintre, Martin Ramirez. De toutes ces expériences, elle va tirer matière à créer, puisqu’elle se lance dans un roman graphique.

Ce qui est incroyable, c’est qu’Edmundo Paz Soldan utilise un style différent pour chaque époque. Le premier rappelle Faulkner, la deuxième Bret Easton Ellis, et le troisième, celui d’un écrivain d’aujourd’hui. Ce qui ressort de ce roman plutôt provocateur, c’est qu’il est très difficile de s’intégrer aux Etats-Unis. Lorsqu’on est étranger, on est forcément moins bien considéré que les autres. Il faut trouver une façon de pénétrer dans ce monde, par le dessin, par la violence ou par la bande dessinée. »

Propos recueillis pas Pascale Frey
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