Régis Jauffret
Seuil
Cadre rouge
mars 2015
277 p.
 
 
 

Le critique invité

Bruno Corty (Le Figaro)
a aimé
 « Bravo » de Régis Jauffret (Le Seuil)

«  Je lis Régis Jauffret depuis un certain temps et ces dernières années, il s’était éloigné de l’imaginaire pour s’emparer du réel. Après l’affaire Stern (« Sévère »), l’affaire Fritzl (« Claustria ») et l’affaire DSK (« La ballade de Rikers Island « ), je m’attendais à une nouvelle salve sur le déréglement humain. Mais pas du tout, « Bravo » se situe dans la veine de « Microfictions » paru en 2007, qui réunissait cinq cents petits textes, avec déjà pas mal d’histoires de vieillards. Il s’est donc éloigné des affaires criminelles pour traiter de LA grande affaire criminelle, la vieillesse ! Les seize textes réunis dans ce livre sont un feu d’artifice de méchanceté et de drôlerie. Dans ce véritable bal des croulants, les vieillards sont méchants, salauds, ignobles, chafouins. Il décrit la vieillesse avec jubilation et une méchanceté à la Céline, avec le comique en plus. Il va loin, très loin, et ça marche, on le suit dans ses délires. Il y a des familles dysfonctionnelles, des coupes bancals. A un moment de ma lecture, je me suis dit : si ça continue, je vais suffoquer. Mais il sait injecter aussi un peu d’air et de tendresse, comme l’histoire de ce vieux couple d’écrivains qui s’épaulent.

Jauffret a un œil incroyable pour capter les situations justes et les porter à l’incandescence. On est loin de la vieillesse triomphante et apaisée que tentent de nous fourguer les publicitaires, car la plupart du temps, chez lui, cette vieillesse se passe mal. Il prend des risques, mais c’est vraiment un styliste hors pair, un virtuose. L’écriture soutient le sujet, et cela ne marcherait pas sans cela. »

Propos recueillis par Pascale Frey

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