illustration de Brigitte Lannaud Levy

Rien de nouveau, tout a changé. C’est ce qui s’est passé quand, il y a sept ans, Romain Vachoux employé de la librairie du Tramway à Lyon a repris l’enseigne avec Frédérique Pingault, suite aux problèmes de santé de l’ancienne propriétaire.  Ils ont agrandi le rayon jeunesse et, pour le reste, ont œuvré à préserver et cultiver l’esprit des lieux, une librairie dont on n’hésite surtout pas à pousser les portes. « On souhaite qu’ici,  ce soit bien plus qu’un commerce,  que les gens s’y sentent bien ».  Si la librairie porte ce nom, c’est que tout simplement elle a ouvert juste quand le tramway a été construit, et que le secteur n’était pas encore le dynamique quartier d’affaires qu’il est devenu.  Frédérique Pingault qui nous reçoit, tient à préciser qu’en dehors des rencontres et des animations,  ce qui distingue la Librairie du Tramway et crée l’attractivité du lieu, c’est avant tout  une équipe soudée de cinq collaborateurs ultra investis aux personnalités fortes et aux goûts très différents, . 

Quel roman nous recommandez-vous en ce début d’été ? « L’homme qui s’envola » d’Antoine Bello (Gallimard), un très bon divertissement. L’histoire d’un homme à qui tout réussi : une femme magnifique, trois beaux enfants, une entreprise florissante… Et qui pourtant est malheureux en dépit de sa vie rêvée. Il organise sa disparition très méticuleusement, pour  faire croire à sa mort et pouvoir vivre une autre vie.  S’enclenche alors un jeu de chat et de souris entre lui et  un détective que sa « veuve » a engagé.  Un livre qui se dévore comme un roman policier et offre une réflexion de fond sur la liberté, le couple, nos vies hâtives . On est pris par l’intrigue,  c’est un très bon moment de lecture.

Et du côté de la littérature étrangère ? « Dans la forêt » de Jean Hegland (Gallmeister). Alors qu’un homme, sa femme et leurs deux filles de 17-18ans décident de vivre au cœur d’une forêt en dehors de la société de consommation,  à l’abri des grandes villes, les deux parents décèdent.  On sent que le monde a changé, une menace pèse sans qu’on sache véritablement laquelle. Les deux jeunes femmes se retrouvent isolées, comme en survie, portées par leurs passions  respectives,  l’une pour la lecture,  l’autre pour la danse. Un roman magnifique sur le retour à l’essentiel et les liens fraternels.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?« La halle » de Julien Syrac (La Différence). Porté par une langue extraordinaire, ce roman nous plonge au cœur d’une halle où l’on croise autour du narrateur qui est marchand de saucissons (soi-disant AOC, mais totalement industriels), des vendeurs, des patrons, des dames pipi… plein de portraits poétiques croqués de manière très maitrisée. Un auteur à suivre de très près.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous  recommandez avec ferveur ? Je vous en citerai deux : le premier gros coup de cœur que l’on a eu en commun avec Romain, « La ballade de Lila K » de Blandine Le Callet (Stock). Un roman à la 1984 d’Orwell, l’histoire d’une jeune fille surdouée qui part à la recherche de sa mère et de sa mémoire perdues dans une société où les livres sont bannis. Et  « Un voyage en Inde » de Conçalo M. Tavares ( Viviane Hamy). Un texte extraordinaire qui s’adresse à un public exigeant. Si je devais n’emporter qu’un seul livre sur une île déserte, ce serait celui-là. Un chef d’œuvre.

 Quel livre vous êtes-vous promis de lire ? « Le Rouge et le Noir » de Stendhal. Je voudrais pouvoir le lire jusqu’au bout et comprendre pourquoi jusque-là , je n’y arrivais pas.

Brèves de librairie

Une cliente qui devait envoyer un colis aux États-Unis, nous a demandé un livre qui pèse entre 300 et 400g . Sur le site Titlive il y a le poids, donc nous avons pu répondre à cette demande pour le moins singulière pour ne pas dire incongrue.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie du Tramway
92 rue Moncey
69003 Lyon
04 78 14 52 27