Delphine de Vigan
Le Livre de Poche
août 2015
384 p.  7,90 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 

Prendre le lecteur par le col

Tout le monde s’inquiétait, elle la première probablement : comment se remettre d’un succès tel que « Rien ne s’oppose à la nuit » ? Delphine de Vigan a senti la nécessité de laisser passer du temps (quatre ans), a eu l’intelligence de se lancer dans un projet totalement différent (un film), avant de se remettre à l’écriture. Cette histoire d’une femme écrivain qui se voit peu à peu dépossédée de sa vie et de son métier par une « amie » est un roman qui ne ressemble à rien de ce qu’elle avait publié jusqu’à présent, un formidable thriller psychologique, un des livres les plus enthousiasmants de cette rentrée.

Lorsque vous écriviez « Rien ne s’oppose à la nuit », vous étiez persuadée que le lectorat resterait confidentiel ! Comment avez-vous vécu cet énorme succès ?
Comme un tourbillon invraisemblable. J’ai accompagné mon roman de sa sortie, fin août, jusqu’au mois de juin de l’année suivante. C’était un récit très personnel, émotionnel, dans lequel j’affirmais ma vision de ce qui s’était passé, ma subjectivité, ce qui ne fut d’ailleurs pas simple pour ma famille. J’ai donc été surprise de voir qu’il provoquait un effet-miroir avec le lecteur. J’ai fait beaucoup de rencontres qui m’ont secouée…

Comment se remettre à l’écriture après un tel cataclysme ?
Je n’écris pas tout le temps, j’ai toujours laissé du temps entre deux livres. J’ai besoin de période où je me contente de vivre ma vie. Et évidemment, c’est aussi un moment d’incubation, durant lequel je prends des notes et où un nouveau projet naît à mon insu. En ce qui concerne « D’après une histoire vraie », je ne savais pas ce que ce serait, ni quelle forme cela prendrait, mais assez vite j’ai tourné autour de la question de la réalité et de l’imaginaire. Lors des rencontres autour de mon roman précédent, beaucoup de gens me demandaient ce qui était vrai, ce qui était inventé…. Et j’ai décidé de retrouver le lecteur là où je l’avais laissé, et de l’emmener faire un voyage vers d’autres territoires.

Un voyage avec Stephen King comme guide !
Je me souvenais de « Misery » qui explorait le rapport entre l’écrivain et son lecteur. C’était inquiétant et menaçant. J’avais été aussi intéressée par « La part des ténèbres », qui analysait le thème du double.

Cette histoire est différente de ce que vous aviez publié jusqu’à présent. A-t-elle été difficile à écrire ?
Oui, très difficile. J’ai même pensé que je n’arriverais pas au bout. Dès le début, j’ai mis en place toute la construction du livre, mais il fallait maintenir le suspense, créer une empathie avec mon personnage et qu’on vive son combat avec le personnage de L. La seule chose qui peut l’emporter, c’est la ténacité. J’ai traversé de grosses turbulences. J’ai toujours été assez exigeante avec moi-même et le succès n’a pas arrangé les choses. Maintenant, j’ai peur de ne pas être à la hauteur !

Le personnage principal s’appelle Delphine, elle a un compagnon, François, une éditrice, Karina… Les vrais prénoms de vraies personnes ! C’est pour mieux brouiller les pistes ?
Cette histoire des noms a été une question autour de laquelle j’ai tourné. J’ai essayé avec des prénoms modifiés, mais ça ne fonctionnait pas.

Comment vous sentez-vous quelques jours après la parution du livre ?
Il y a quatre ans, j’étais sortie un peu exsangue, dépassée par ce qui m’arrivait. Mais cette fois, je m’amuse, et j’espère avoir réussi à prendre le lecteur par la main, par le col même, et de l’avoir emmené avec moi.

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