LUCIA ET L'AME RUSSE
VERTLIB VLADIMIR

metailie
bb allemande
avril 2018
-1 p.  21 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Bon, autant le dire tout de suite, j’ai eu du mal à mener à bout cette lecture et il me semble tout simplement que le sens profond m’a complètement échappé.
Et pourtant, le titre m’avait vraiment attirée. Pour la petite histoire, Lucia est le surnom que des copains anglais m’ont donné en référence aux livres de E. F Benson : le cycle de Mapp et Lucia – publié de nouveau récemment chez Payot- (oh, si vous ne connaissez pas… C’est un pur délice, très très anglais…) Bref, avec une copine, MAP, nous allions tous les étés à Londres faire les quatre cents coups… Quant à l’âme russe, j’ai déjà raconté ici et là, (j’ai tendance à radoter un peu) que ma grand-mère paternelle était russe. Bref, Lucia et l’âme russe, c’était forcément pour moi ! En plus, sur la 4e de couv, il est question d’un de mes romans russes préférés : Le Maître et Marguerite de Boulgakov.
Donc imaginez mon attente et du coup, ma déception !
Le sujet, hum, hum, ça coince (beau début de chronique). Une vieille femme, Lucia Binar, immobilisée chez elle pour cause de clavicule cassée lors d’un accident de bus, attend que les services sociaux lui livrent son repas. Mais rien ne vient, et lorsqu’elle parvient enfin à joindre le service d’urgence sociale, une employée un peu débordée se moque d’elle et l’invite à manger les biscottes ou les gaufrettes qui traînent dans son placard. Très bien, se dit Lucia, elle ne perd rien pour attendre, celle-là !
Arrive ensuite un étudiant, membre de l’association « Non au racisme dans nos rues » : il souhaite que la rue des Maures Mohrengasse soit rebaptisée la rue des Carottes Möhrengasse, ce qui fait évidemment beaucoup rire Lucia, elle qui est née et a toujours vécu dans cette rue de Vienne. Elle a traversé tout le XXe siècle dans cet appartement et elle ne le quittera que les pieds devant. « Lorsque notre rue fut pavoisée de croix gammées, j’avais cinq ans. Lorsque les derniers juifs de notre quartier ont été déportés, j’en avais neuf ; lorsque sont tombées les premières bombes, j’en avais dix ; durant la bataille de Vienne et à la fin de la guerre, peu de temps après, j’en avais douze ; quand l’Autriche a été de nouveau libérée, j’en avais vingt-et-un ; quand les premiers travailleurs immigrés sont arrivés dans notre quartier, j’en avais trente-trois. » Mais l’immeuble est de plus en plus mal fréquenté : des squatters y vivent et le propriétaire trouve cela très bien car au fond, il souhaite le départ de ses occupants afin de récupérer son immeuble. Lucia va devoir se battre pour rester…
Le XXIe siècle ne se présente pas très bien pour elle…
Puis, un autre personnage entre dans le roman : Alexander, un jeune émigré russe. Il se retrouve plus ou moins coincé dans un ascenseur fou avec une jeune femme, Élisabeth. Cet incident les rapprochera et un peu plus tard, Alexander se mettra à lui raconter sa vie, la mort de sa tante, sa rencontre avec un certain Viktor Viktorovitch, une espèce de charlatan-magicien qui veut créer une entreprise pour aider les gens à se découvrir et à voyager dans l’âme russe, ses relations avec ses demi-sœurs Ludmilla et Polina, ses mésaventures avec son beau-frère… La pauvre Élisabeth qui l’écoute raconter ses histoires est d’une patience… Elle en redemande même…
J’avoue que, de mon côté, j’ai vite été rassasiée par les propos d’Alexander, me suis perdue dans le sens général du texte, à la recherche d’une unité et d’une réelle progression narrative et rien ne m’a vraiment amusée dans cette histoire un peu forcée.
J’ai bien compris tout de même que Vienne apparaît comme une ville où les gens sont racistes, xénophobes, antisémites, que la modernité fait peur à certains personnages qui semblent avoir du mal à faire le lien entre leur vie d’autrefois et les grands changements actuels (ère du numérique etc, etc…)
J’ai cependant trouvé le personnage de Lucia attachant : ancienne institutrice et dévoreuse de livres, elle cite régulièrement des œuvres, connaît des vers par coeur et l’on sent que la littérature l’aide à surmonter les difficultés de l’existence. « Ma soif de mots est plus forte que mon désir de m’alimenter d’une nourriture plus substantielle que des poèmes. » J’aurais aimé que le roman soit davantage centré sur ce personnage plein d’humour et n’ayant pas l’intention de se faire dicter une ligne de conduite quelle qu’elle soit…(J’ai eu l’impression de retrouver un peu Aaliya Saleh, le personnage d’Une vie de papier de Rabih Alameddine.)
Oui, bien sûr, c’est une oeuvre originale, étrange, excentrique à souhait, bien déjantée, les événements improbables et les rencontres folles s’accumulent mais l’on peine (moi en tout cas) à y voir clair. Si quelqu’un peut me venir en aide… Je suis disposée à prendre en compte toutes les interprétations que vous me proposerez…

Retrouvez Lucia lilas sur son blog 

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