Bonjour tristesse
Frédéric Rebena

RUE DE SEVRES
bd ado-adultes
avril 2018
104 p.  18 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un charmant petit monstre

Cécile, une adolescente de 17 ans, retrouve son père pour les vacances de juillet sur la Côte d’Azur, Raymond, un jeune quinquagénaire argenté, qui occupe ses journées au repos après des nuits passées à boire et à perdre au casino. Pour l’aider, Elsa Mackenbourg sa jeune maîtresse l’accompagne. La mère est absente, décédée depuis une quinzaine d’années. Installé dans une magnifique villa à l’architecture moderne, la relative quiétude de ce trio frivole est troublée par la venue d’Anne, une ancienne amie de la famille, invitée par Raymond. D’abord sur la défensive face aux deux jeunes femmes, Anne évince Elsa l’écervelée, avant de repousser Cécile dans son rôle de gamine. Lorsqu’elle répond par l’affirmative à la demande en mariage de Raymond, Cécile, animée par son œdipe et l’ennui, reprend la main. Elle écrit un roman dans lequel est mis en scène son entourage.

 La principale difficulté dans l’adaptation d’un roman demeure la traduction des personnages en images. Reprenant les éléments d’origine, Rébéna utilise peu de cases par page, pour un maximum de lisibilité. La villa, les six principaux personnages prennent forme tout au long de la bande dessinée. Il adapte le sentiment de désinvolture permanente chez Sagan par des poses alanguies, allongées sous le farniente, en train de consommer de l’alcool, de jouer au casino, de faire l’amour. Critiquant cette futilité tropézienne, Anne a les traits plus durs, elle figure souvent redressée, peu à peu dominatrice. Elle incarne une espèce d’ordre, de retour à la réalité. Avec ce « Bonjour tristesse », Rébéna présente une esthétique entrevue dans son dernier ouvrage « La jeunesse de François Mitterrand ». Si le roman sorti en 1954 fut aussitôt adapté au cinéma en 1958, il a fallu attendre plus longtemps pour le lire en images. Devenu un monument de la littérature française, l’ouvrage a dû attendre que la bande dessinée mûrisse à son tour pour pouvoir s’en emparer. C’est chose faite.

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