Lady B
Maya Angelou

traduit par Claire et Louise Chabalier
Le Livre de Poche
septembre 2014
224 p.  7,20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Lady Baxter, ma mère

« Je savais être devenue la femme que je suis grâce à la grand-mère que j’aimais et à la mère que j’en suis venue à adorer ». Maya Angelou rend hommage dans ce texte à Vivian Baxter, Lady B, sa mère. Un personnage des plus étonnants dont le cheminement explique en partie la personnalité et l’opiniâtreté de Maya. C’est en tout cas ce qui reste de la lecture de ce livre autobiographique, paru sous le titre « Mom & Me & Mom ». Vivian, une vie de combats et de décisions qui pourraient paraître incohérentes à qui ne connaîtrait pas bien ses racines. Ainsi la décision d’abandonner l’éducation de la petite Maya (trois ans) et de son frère à la charge de leur grand-mère paternelle pendant dix longues années. De quoi traumatiser n’importe quel enfant. 

Lady B., petit bout de bonne femme à l’esprit fort, toujours en lutte pour affirmer son indépendance, inculqua à Maya ce qu’était être « FEMME » et lui apprit à ne jamais abdiquer devant quiconque. Féministe, militante acharnée, un temps charpentier de marine, puis infirmière, capable de mettre de côté ses enfants pour être fidèle à d’autres engagements qui lui paraissaient plus importants. Mère pas vraiment poule pour ses enfants mais modèle pour de nombreux jeunes adultes auprès de qui elle travaillait. Mère qui n’hésite pas à recruter trois gaillards balèzes pour aller libérer Maya d’une geôle conjugale ou à lui donner une arme pour qu’elle se fasse justice ! Ce sont ces épisodes et d’autres, parfois émouvants, souvent des leçons d’intelligence, que Maya partage ici. L’analyse d’une femme complexe, qui vécut à une époque où naître noire et pauvre n’autorisait pas à espérer grand chose de la vie. Vivian Baxter choisit son destin et elle en paya le prix.

 « J’ai écrit ce livre pour examiner certaines des façons dont l’amour guérit et aide une personne à atteindre des sommets insoupçonnés et à se hisser hors d’abîmes insondables. » Ce texte testamentaire, a paru en 2013, un an avant le décès de l’immense Maya Angelou, poétesse, humaniste récompensée par le président Obama en 2010, auteure notamment de « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage » et » Tant que je serais noire ». Un esprit fort, comme le fut Lady B., sa mère.

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