Manderley for ever
Tatiana Rosnay (de)

Le Livre de Poche
février 2015
328 p.  8,90 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Elle s’appelait Daphné

Lorsque Tatiana de Rosnay écrivait « Elle s’appelait Sarah », elle ignorait que ce manuscrit allait changer sa vie et la propulser dans le club des auteurs de best-sellers. Il y eut donc un avant-après « Sarah », comme il y aura probablement un « avant-après » « Manderley for ever », une biographie très enthousiasmante, qui est aussi un hommage à celle à qui elle doit sa vocation, Daphné du Maurier. Le roman, « Sarah », était écrit en anglais, le livre qui paraît aujourd’hui l’a été en français. La boucle est bouclée, les deux langues, les deux cultures réunies.
Tatiana de Rosnay a une douzaine d’années lorsque sa mère lui offre « Rebecca ». Un coup de foudre, une révélation, la certitude que dorénavant la lecture fera partie de sa vie et peut-être aussi, pourquoi pas, l’écriture. Dans ce roman qui devint immédiatement un best-seller à sa parution en 1938, comme dans l’adaptation cinématographique de Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan Fontaine, le personnage principal est interprété par… une maison. Car si la mystérieuse Rebecca est omniprésente malgré sa mort, même si le ténébreux Maxime de Winter représente un séduisant héros, tout tourne autour de Manderley, cette vaste demeure pleine de courants d’air et de fantômes. La passion qu’enfant Tatiana a éprouvée pour ce roman et son auteur s’est peu à peu transformée, comme elle le qualifie elle-même, en obsession. « Je lui dois tout, reconnaît-elle. Elle m’a légué un héritage littéraire et c’est sa faute si je suis devenue romancière ! » Une bonne biographie nécessite non seulement de la patience (c’est un travail de fourmi), de l’audace (pour enquêter) mais aussi de l’imagination (pour combler les trous) et du souffle (pour embarquer le lecteur). Avec « Manderley for ever », on peut cocher toutes les cases ! On sent que cette vie dédiée à l’écriture a fasciné Tatiana. La capricieuse Cornouaille l’a inspirée. Elle est retournée sur les traces de Daphné à Ferryside, là où elle a écrit son premier roman, mais aussi où elle a rencontré son futur mari, le major Browning. Là encore où, lors d’une de ses nombreuses promenades, elle tomba sur un manoir à l’abandon, Menabilly. C’est à cet endroit qu’est né ce « Rebecca » qui la rendra riche et célèbre. Tatiana explore cette vie et cette œuvre, laissant transparaître sa fascination et son admiration sans pour autant jouer les groupies. Elle donne l’envie de plonger ou replonger dans l’œuvre de Daphné du Maurier. Ce que vous allez pouvoir faire sans tarder avec la nouvelle traduction de « Rebecca ».
Lire « Quelle lectrice êtes-vous Tatiana de Rosnay »
et lire aussi l’interview d’Anouk Neuhoff, la traductrice de « Rebecca »

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