Fils de Sam
Michael Mention

Ring Editions
janvier 2014
400 p.  18 €
 
 
 
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Spécialité : tuer en série

Michael Mention est un jeune auteur français à suivre. A 34 ans, il a déjà attiré l’attention avec « Sale temps pour le pays » (Rivages noir, septembre 2012), premier volet d’une trilogie policière* inspirée par les crimes du tueur du Yorkshire dans les années 1970. Son profil lui a valu d’être retenu pour un nouveau volet de la collection « Murder ballads » que dirige Stéphane Bourgoin – spécialiste des tueurs en série – aux éditions Ring. Mission : relater la dérive sanglante de David Richard Berkowitz, dangereux paumé qui terrorisa New York voici quarante ans, agressant des couples au hasard, la nuit, en pleine rue, et assassinant six personnes en signant ses crimes d’un énigmatique pseudo: « Fils de Sam ».

S’agissant d’une compilation de documents, d’extraits de presse ou d’enquêtes antérieures, l’auteur s’acquitte de son immersion en confirmant ses qualités de plume. Il fait monter la tension en insérant entre les séquences factuelles d’autres, subjectives, où s’exprime le délire intérieur du tueur. Quant à expliquer les gestes du « Fils de Sam », sociopathe mais pas fou, ce ne sont pas les hypothèses qui manquent. Depuis les traumatismes de l’enfance jusqu’à une manipulation barbouzarde, en passant par l’influence de drames extérieurs comme l’assassinat de Sharon Tate par Charles Manson, aucune n’est négligée.

Sans prêter à polémique comme d’autres titres du même éditeur (« La France orange mécanique » ou « Utoya », sur le tueur norvégien Anders Breivik), ce livre laisse cependant un goût d’inachevé. Sans doute un tel sujet aurait-il mérité une enquête de terrain approfondie, qui reprenne le fil des témoignages jusqu’à la surprenante rédemption du tueur, toujours en vie. Ce n’était pas ici le contrat. Faute de quoi certains éléments peu étayés – la secte sataniste comme piste possible – voire purement gratuits – le procès pour viol de Roman Polanski comme élément de contexte – dénaturent l’ensemble. Comme un plat où, faute de tous les ingrédients, on aurait trop forcé sur les piments.

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nuit blanche

“Dès mon premier souffle, on n’a jamais voulu de moi. […] Dans 10 ans, 20 ans et plus, on parlera encore de moi.”

Retour sur le parcours de Richard David Berkowitz, plus connu sous le nom du “Fils de Sam”, l’un des plus célèbres serial killers des Etats-Unis. Celui-là même qui a terrorisé New-York dans les années 70. Le livre démarre en 1966, bien avant tous ces meurtres où l’auteur nous met petit à petit dans l’ambiance en revenant sur le parcours du couple De Grimston, anciens adeptes de la scientologie reconvertis dans la thérapie d’analyse des compulsions, et parallèlement sur la petite enfance de Berkowitz. Berkowitz, l’histoire d’un type banal avec une vie qu’il l’est tout autant. Rejeté par tous, par ses camarades, par celle qu’il pensait être sa petite-amie, par ses pères, refusé pour aller combattre au Vietnam, refusé pour intégrer la police, et puis vient un jour où il rencontre Sam… et devient son “Fils”. On est là dans un docu-thriller rythmé, tellement bien documenté que Michaël Mention arrive à nous retranscrire l’ambiance et l’état d’esprit comme si lui-même était présent. Chaque chapitre revient sur les évènements-clé de la triste “carrière” du Fils de Sam, en nous faisant revivre l’actualité du pays. Tout est là pour nous imprégner totalement dans cette époque et dans ce New-York très loin de celui que l’on connaît aujourd’hui : le Vietnam, les années Disco, le rock, le mythique Club 54, les émeutes raciales, le Watergate, l’affaire Polanski,… Et puis, il y a surtout la panique qui se fait grandissante où toutes les jeunes new-yorkaises passent au blond, les tentatives d’assassinats ratées, la ténacité d’un père persuadé que tous ces crimes sont l’oeuvre d’une seule et même personne face à une police qui reste hermétique, malgré les soupçons et les différents témoignages. Jusqu’à ce fatidique 11 août 1977 où Berkowitz seulement âgé de 25 ans, se fait arrêter d’une façon assez surréaliste. Mon ressenti après cette lecture ? J’ai adoré. Moi qui n’avais ouvert le livre juste pour avoir un aperçu du style de l’auteur, j’avais déjà lu 100 pages quand j’ai levé le nez du livre. J’ai littéralement dévoré le “Fils de Sam” en quelques heures. J’étais tellement embarquée par cette histoire que par moments, j’en oubliais que c’était une histoire vraie, surtout que certains passages semblent rocambolesques. Ravie d’avoir vraiment pu découvrir ce Fils de Sam à travers la plume (excellente) de Michaël Mention. Ce personnage dont j’ai beaucoup entendu parler à travers notamment des séries ou des lectures mais très loin de l’idée que je me faisais de lui. Je recommande à tous les fans de thriller true crime ou pas. Et si vous en redemandez encore, l’adresse du site Internet de Berkowitz figure à la fin du livre. Eh oui, le Fils de Sam est maintenant devenu le Fils de l’Espoir. Comme quoi, tout est permis au pays de l’Oncle (?) Sam… “Une pensée pour les éternels oubliés des affaires criminelles, à savoir les victimes et leurs proches.” Michaël Mention

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