La Cité perdue du dieu singe
Douglas Preston

Albin Michel
mars 2018
384 p.  24 €
 
 
 
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coup de coeur

RETOUR VERS LE FUTUR

Pays dangereux, nature hostile, cité perdue légendaire, expédition chaotique menée et narrée par un auteur de polars fantastico gores, tout est ici réuni pour prendre autant de plaisir qu’à la lecture du « lost city of Z » de l’immense David Grand. sauf que là où Grann dressait surtout le portrait d’un aventurier mythique ou mystique, Douglas Preston lui axe son livre sur la Cité, l’objet même de la quête. C’est Z, ici, qui règne, en quelque sorte.
Le premier chapitre est fabuleux, un certain Woody détaille aux volontaires (et néophytes pour certains) aventuriers l’ensemble des dangers auxquels ils devront faire face : serpents, moustiques, mouches, plantes, trafiquants de drogue…cet inventaire est à couper le souffle et suffisamment explicite pour vous inciter surtout à sagement rester chez vous, bien au chaud, loin de ces éventuelles complications qui vous attendent. Loin d’Indiana Jones, bien sûr. Les aventures de Tintin même pas, plutôt un périple incertain dans un monde pas ou plus ouvert aux hommes, pas du tout accueillant, une mission presque suicide à l’objectif peut-être chimérique puisqu’après tout, de siècle en siècle, qui a réellement vu les murs ou les ruines de cette fameuse cité blanche, dite cité du Dieu Singe? Pas grand monde, personne de vivant bien sûr, personne avec des preuves, non plus.
Mais l’aventure et le voyage valent le détour. Ne serait-ce que pour faire connaissance avec le fer de lance, redoutable serpent, dont la morsure condamne à mort le mordu, ne serait ce que pour courir le risque d’attraper quelque horrible maladie par la simple pique d’un moustique, d’une tique, d’une mouche…Preston paiera ce risque pris. Mais le jeu en vaudra la chandelle, quand même, quand bien même aucune photo de la fameuse cité ne figure dans l’encart au milieu du livre…
Le voyage vaut bien sûr surtout la peine pour nous répéter à quel point toute civilisation, aussi puissante fut-elle, aussi grandiose s’estime-t-elle, aussi supérieure s’imagine-t-elle, finit toujours, ou presque, brutalement, par totalement disparaître.
Et dans ces ruines significatives Preston devine la fin de la plus symbolique des civilisations actuelles, les Etats Unis de Donald Trump, sourds aux avertissements, aux symptômes alarmants, aux menaces proférées par des spécialistes avertis, qui s’imaginent plus fort que tout, et surtout garants de la préservation à tout prix de leurs modes de vie.
Pourtant, Donald, la nature est plus forte que tout, reprend ses droits, comme on dit, tout le temps, sans exception, et résiste à toutes les extinctions. A toutes les aberrations. Plus forte que Trump, heureusement.

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