Cette nuit, la mer est noire
Florence Arthaud

Flammarion
mars 2015
192 p.  16 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Le dernier livre de Florence Arthaud

Parfois, le hasard fait mal les choses et la publication de ce récit de Florence Arthaud aussi peu de temps après sa mort résonne étrangement. Son propos aussi, puisque la navigatrice y évoque cette nuit d’octobre 2011 où elle faillit mourir en mer après être passée par-dessus bord. Triste testament pour la petite fiancée de l’Atlantique.

Le texte est court, la navigatrice (en collaboration avec Jean-Louis Bachelet) met en mots ce qu’elle a vécu et ressenti ce 29 octobre : « j’ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l’eau. Il fait nuit noire. je suis seule. » Alternent de courts chapitres de cette expérience traumatisante et des souvenirs, plus ou moins chronologiques, de sa vie. Evocation d’amis en Algérie, histoire du chat Bylka (Kabyle en verlan, souligne-t-elle) à bord au moment de l’accident, rappels d’événements sportifs et maritimes qui remettent en tête le parcours incroyable de cette aventurière au caractère bien trempé.

Son père, Jacques, décédé en novembre 2014 (a qui est adressée la postface) lui a transmis son amour de la mer et l’accès à des figures de légende que Florence cite, faisant revivre pour un temps Bernard Moitessier, Alain Colas, Loïc Caradec, Eric Tabarly et quelques autres. Des noms, des courses, des émotions… tout ce qui a traversé l’esprit de Florence alors qu’elle est seule en mer, au large de la Corse, nageant, flottant, s’accrochant à la vie pendant que les secours s’organisent après un miracle, le téléphone portable était dans sa poche au moment de l’accident. Jean-Claude Parisis, le premier amour, l’esprit « peace and love » qui l’habitait et qu’elle revendiquait, le dépassement de soi constant en mer, Florence les raconte sans fioriture. Avec pudeur, elle cite son frère, Jean-Marie, son suicide en 2001 qui la priva de son enfance « et de mes plus beaux souvenirs de petite fille -de garçon manqué- aimée par un grand frère aventurier. » Et puis, au détour d’un paragraphe, l’émotion saisit, le passé heurte ce présent récent, tragique : « nouvelles frayeurs, à chaque virage au-dessus de Saint-Florent, sur cette route de la côte. Je me dis qu’on va y passer. Je ne me suis pas noyée hier, mais aujourd’hui, je vais faire un grand plongeon ! »

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