Mercredi gentil
Jérôme Lambert

ECOLE DES LOISIRS
neuf poche
août 2015
128 p.  8,70 €
ebook avec DRM 6,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

« être gentil, c’est débile ! »

La gentillesse n’est pas innée. Elle n’est surtout pas donnée à tout le monde. La preuve : Lucien Lemeur, collégien en classe de quatrième, n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de « gentil » : doté d’un sale caractère, il a tendance à râler sans cesse, étant ce que l’on appelle communément « une tête de lard »… et considère d’ailleurs, à l’instar de nombreux adolescents, que les gentils sont le plus souvent idiots. Et même « débiles », voire carrément « neuneu ». Mais sa petite amie, Fatou, ne le voit pas du même œil : elle a décidé de ne plus adresser la parole à son amoureux… tant qu’il ne serait pas gentil. Une fois dans sa vie. Résolu, déterminé, et surtout de peur de perdre l’amour de sa vie*, Lucien décide de prendre le problème à bras le corps, quitte à y aller progressivement : à partir de mercredi, il sera vraiment gentil. Première étape : le sourire –béat- ; deuxième palier : les parents, au petit déjeuner ; pour enfin convaincre le collège entier qu’être aimable, charmant, délicieux, reste une simple formalité. Pourtant, le stratagème est loin d’être classé : son passé le rattrape, et la –fausse- gentillesse de Lucien se retourne rapidement contre lui. La partie s’annonce serrée, mais pas question pour lui de renoncer… quitte à solliciter l’aide et les conseils de sa super mamie, qui trouve déjà son petit fils, indéniablement, vraiment « très gentil ».

Après « J’aime pas le lundi » et « Mardi maudit », Jérôme Lambert continue de jouer avec les jours de la semaine, tout en poursuivant son exploration en milieu adolescent. Dans les baskets d’un héros que le lecteur commence à bien connaître -et s’il n’est en effet pas très gentil, il est en tout cas foncièrement attachant- il nous pose la question de l’utilité de cette qualité : à quoi cela sert-il d’être gentil ? « Au fond, à rien du tout », répond Lucien au tout début du roman. Le challenge de l’auteur est ici tout trouvé : faire progresser ce préjugé –omniprésent également dans le milieu professionnel-, réhabiliter cette qualité aujourd’hui moquée et même discréditée. Loin d’épargner son personnage, il le fait endurer mille difficultés, pour éprouver son affabilité. Et c’est avec tendresse, humour et autodérision, qu’il nous pousse dans nos retranchements, nous invitant, comme les adolescents, à une profonde mais nécessaire réflexion.

* Dans « J’aime pas le lundi », Lucien tombe profondément amoureux de Fatou.

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