Baad
Cedric Bannel

Points
la bete noire
mai 2016
504 p.  8,20 €
ebook avec DRM 4,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Troisième fillette retrouvée étranglée et poignardée dans la rue. Contrairement aux deux précédentes habillées avec des vêtements d’apparat, cette dernière est nue. Trois jeunes victimes dans trois bidonvilles différents. L’affaire est confiée à la police criminelle de Kaboul, avec à sa tête le qommandaan Oussama Kandar, ancien sniper du commandant Massoud. Au même moment, à des milliers de kilomètres de là, une femme à qui il manque trois doigts, est enlevée ainsi que toute sa famille par la mafia italienne. Pour pouvoir sauver les siens, il va falloir qu’elle mette la main au plus vite sur un certain Franck X. De Kaboul à Paris, Baad est le combat de deux mères prêtes à tout pour sauver leurs familles. Baad nous emmène donc en Afghanistan, bien loin des préjugés ou des images véhiculées par les médias. Cédric Bannel sait de quoi il parle, puisqu’il connaît bien le pays pour le sillonner depuis plusieurs années. Sans jugement ou parti pris, il nous offre un roman d’une très grande qualité extrêmement bien documenté ; puisque dès les premières pages, on est immédiatement mis dans l’ambiance. Le dépaysement est au rendez-vous. J’avoue même que si l’endroit n’est pas une destination qui fait rêver, l’auteur a réussi à décrire les paysages de manière à me donner envie de découvrir cette région du monde, c’est dire… On est au coeur du fonctionnement de la police afghane : corruption, violence, trafic de drogues, vengeance. Mais Baad est avant tout un véritable page-turner avec son lot de suspens, avec le décompte de la prochaine victime, ses rebondissements, ses intrigues, sa double enquête. Et pour que Baad ne soit pas juste un (excellent) polar parmi d’autres, l’auteur y distille ici et là des informations sur les us et coutumes des afghans. Saviez-vous que l’espérance de vie d’un afghan est de 46 ans ?? Et les personnages dans tout ça ? Même dans cet environnement très dur, comment ne pas apprécier celui du très surprenant et charismatique qommandaan Kandar et de sa femme Malalai, gynécologue, féministe à l’esprit très ouvert, dans cette société qui allie aussi bien tradition que modernité. Et Babour, le scientifique de la Criminelle, cocasse avec ses fausses lunettes à la façon des Experts. Très réaliste, je me suis même demandée par moments si le roman n’était pas une autofiction. J’ai tellement été emportée par l’écriture très visuelle et l’ambiance que dégage ce roman, que personnellement, ça ne m’aurait pas dérangé qu’il n’y ait pas de double affaire. Baad (homme mauvais, violent, cruel envers les femmes) est l’un des meilleurs polars de l’année. “Baad” de Cédric Bannel – Editions Robert Laffont – 2016

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Who’s Baad ? They’re Baad !

Le commissaire XXX, ancien de la bande à Massoud, officie à Kaboul. Il a sur les bras une difficile enquête sur le meurtre de jeunes filles d’une dizaine d’années. Trois corps ont été retrouvé jusqu’à présent et le commissaire comprend que le rituel de meurtre intervient tous les dix jours. Commence alors une course contre la montre pour empêcher une quatrième victime. Cédric Bannel a habité (ou habite peut-être encore) en Afghanistan. Il connait les milieux afghans, les contrées afghanes, les mœurs afghanes et en dévoile les multiples facettes, prises entre traditionalisme et modernisme, les deux tendances se confrontant parfois au sein d’une même personne. Il en profite pour décortiquer toute la corruption qui imprègne la société économico-politique de l’Afghanistan. Très critique envers une société gangrenée par l’argent qui a tendance à enrichir les riches et appauvrir les pauvres, au sein de laquelle le règne de la débrouille n’a rien à envier à celui de l’intimidation et des méthodes peu orthodoxes, il démontre si besoin était que la fin y justifie pleinement les moyens et vice versa. Il n’en fait pas moins de son bourreau un personnage de type européen, comme s’il voulait montrer que le vice, au sens primal du terme, n’était pas pour autant une composante de la société afghane. Il y a chez Cédric Bannel un attachement certain à ce pays, à son histoire mouvementée dans le passé comme dans le présent. Alors pourquoi diable aller coller, sur une histoire qui se suffisait à elle-même, un imbroglio franco-mafieux avec le personnage de cette mère de famille dont le mari et les enfants sont retenus en otage par le mafia italienne qui lui impose comme mission de retrouver un brillant chimiste passé dans le camp de la mafia des pays de l’est et capable de créer une drogue pure à 100 % et qui ne provoque pas d’addiction, de quoi ruiner la mafia italienne et la rayer des cartes de l’économie parallèle ? Ok, il fait se rencontrer les deux enquêtes mais qu’apporte la partie européenne de l’intrigue dans la mesure où de toute façon le commissaire afghan parvient à dégoter son coupable avant d’être contacté par Nicole qui au passage commet un nombre d’actes illégaux sur le sol français en toute impunité de manière assez peu crédible ? En dehors de ces passages qui auraient pu être coupés au montage, le reste de l’histoire nous plonge dans un environnement peu familier et très éloigné de nos standards culturels habituels avec un personnage de « qomaandaan » qui essaie malgré tout de garder un cap plus ou moins moral dans un Afghanistan miné par la corruption et les petits arrangements entre amis.

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