Bianca
Loulou ROBERT

Pocket
février 2016
312 p.  6,95 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Un premier roman juste et touchant.

Une très belle surprise ce premier roman. D’autant plus belle qu’il partait chez moi avec pas mal de handicaps. Le thème d’abord, l’adolescence et ses tourments, n’est vraiment pas de ceux que je préfère. L’auteure ensuite, jeune mannequin de 22 ans, enfant de (Loulou est la fille de Denis Robert, le journaliste qui a fait exploser l’affaire Clearstream), et donc forcément déjà très médiatisée avant même la sortie du livre (double page dans ELLE quand même). De quoi agacer… Eh bien disparu l’agacement, dès les premières lignes. Justesse de ton, légèreté de l’écriture… Embarquée tout de suite, j’ai littéralement dévoré ce livre. Il faut dire que le personnage de Bianca est particulièrement bien campé, loin des clichés et malgré la difficulté du sujet. Bâti à partir d’éléments autobiographiques, il est plein de vérité et surtout extrêmement touchant. Le roman la suit pendant une dizaine de mois, aux Primevères, une unité de soins psychiatrique où elle séjourne après une tentative de suicide. Bianca a 16 ans, plus aucun appétit et une terrible sensation de vide. Autour d’elle, ses compagnons de chambrée semblent tous avoir une bonne raison d’être là, leur mal-être étant relié à un événement traumatisant. Bianca, elle n’a aucune idée d’où lui vient ce vide qui l’a poussée à vouloir s’endormir une fois pour toutes. Aux Primevères, elle observe avec acuité ceux qui l’entourent, médecins et infirmières, elle se lie d’amitié avec Jeff, un vieux monsieur dépassé par le chagrin d’avoir perdu sa fille, elle se recrée une sorte de vie sociale. L’enfermement n’élude pas les sentiments. L’amour, l’amitié, la relation à l’autre sont autant de bouées qui aident Bianca à nager et à dépasser ses pulsions de tristesse morbide. Dans son cheminement vers la guérison, les mots jouent un grand rôle. Alors que les livres lui sont d’abord interdits car ils l’empêchent de se confronter à la réalité en lui proposant sans cesse de nouvelles opportunités d’évasion, ce sont finalement les textes et les poèmes des grands auteurs (Dostoïevski, Verlaine…) étudiés un peu plus tard pour rattraper ses cours qui l’aident à mieux comprendre ses sensations et à avancer. Tout comme la belle relation avec Jeff, grand-père (ou père) de substitution et la découverte du sentiment amoureux avec Simon. Dans ce récit d’un lent retour à la vie, aux sensations, au désir, tout sonne juste. Loulou Robert parvient à faire toucher du doigt cet état de perturbation adolescente, de questionnement sans fin sur le monde, sur son environnement, avec beaucoup de délicatesse. Peut-être parce qu’elle n’est finalement pas si loin de cet âge qu’elle a laissé derrière elle et qu’elle en éprouve encore les sensations dans sa chair. Encore fallait-il le traduire en mots. C’est fait et bien fait. Et l’on devine qu’ils lui ont déjà été utiles ces mots pour grandir. Touchée, et presque coulée dans les dernières pages par le simple jeu d’un point d’interrogation. De l’art de faire jaillir l’émotion. Bravo.

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