Cris
Laurent Gaude

Le Livre de Poche
litterature doc
octobre 2005
181 p.  5,20 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Un superbe Gaudé

Ce sont les cris des poilus, qu’ils soient simples bidasses ou gradés, infirmier, médecin que j’ai entendu tout au long de ce petit livre si douloureux, si dense. Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps pour digérer ces cris, digérer cette boucherie, cette folie. J’ai lu ce livre à petite dose. Il me fallait une gorgée de bonheur entre deux lectures. Laurent Gaudé prend grand soin à nommer chaque cri, chaque morceau de vie, en faisant se raconter tour à tour, Jules, le Gazé, Marius, Boris, le médecin, Le lieutenant Rénier et les autres. Un livre horriblement beau. Laurent Gaudé raconte leur guerre avec des phrases courtes, incisives. C’est un livre tripal comme je les aime. J’ai pleuré, j’ai voulu dire Assez. Pourtant, rien de morbide. Les mots sont simples, c’est cela qui donne tant de densité. La folie, la peur, la souffrance sont narrées sans affectation avec une grande justesse. Un superbe Gaudé

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coup de coeur

Les voix des tranchées

Un roman court mais dense, qui laisse peu d’espace au lecteur pour respirer! Dès les premiers mots je suis happée par le monologue intérieur de Jules, le permissionnaire, celui qui échappe enfin à l’horreur par la magie du papier bleu qu’on lui a remis. Quelques pages plus loin je retrouve ses frères d’armes, assurant la relève d’une compagnie. Chaque voix chuchote sa partition dans ce ballet de l’horreur : Marius, Boris, Ripoll, Barboni, ils sont une dizaine en tout à murmurer leurs doutes, leurs peurs, leurs souffrances à quelques minutes de l’assaut.

D’une écriture sèche, l’auteur nous donne à voir l’univers des tranchées, cet enfer creusé à vif dans la terre. Les phrases courtes, les répétitions parviennent à reproduire l’enfermement mental des hommes étouffés par la peur. On passe d’une scène à l’autre, d’une voix à l’autre sur un rythme rapide, comme ces films tournés caméra à l’épaule. La terreur et la folie se mêlent à la sueur, au sang, aux larmes de ces hommes poussés au bout de leur humanité.

La brièveté de ce roman lui donne une intensité qui marque l’esprit. Nul besoin de plusieurs centaines de pages à Laurent Gaudé pour restituer l’horreur de ce conflit meurtrier. On comprend mieux le silence des rescapés, incapables de donner voix à leur mémoire.

Après cette lecture, les cris de ces poilus résonneront longtemps dans ma mémoire.

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