La part des nuages
Thomas VINAU

10 X 18
août 2014
120 p.  6,60 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
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Prendre de hauteur

Après avoir essuyé les affres du désamour, après avoir laissé partir sa femme, Joseph a sorti la tête de l’eau grâce à Noé, son fils, qui l’a sauvé de la noyade. Ce petit gars est bien là, il vit et grandit un peu plus chaque jour sous ses yeux, des yeux souvent ébahis par ses jeux, ses mots, ses inventions, son imagination. Ils vivent ensemble la plupart du temps, histoire de pas trop bousculer le quotidien, Noé continue d’aller dans la même école et puis il garde sa chambre aussi, le petit univers douillet et fantaisiste qu’il s’est construit. De nouveau à la surface, l’existence de Joseph a repris un rythme régulier, un équilibre.
Mais l’eau sur laquelle le père et le fils naviguent va se troubler : il est prévu que Noé rejoigne sa mère pendant une semaine durant les vacances. L’enfant parti, Joseph se retrouve seul à errer dans la maison. Seul, il est dans une position instable. Son absence fait un grand vide tout autour et à l’intérieur. Dans la tête de Joseph, ce n’est qu’égarement et hésitation. Il se sent dépourvu, mis à nu. Rien ne va plus. Plus de repère. Le bateau coule inexorablement.
Alors il lâche prise, Joseph, il cogite. Il laisse vagabonder son esprit, monte dans la cabane en haut du cerisier, au plus près des nuages. Insaisissables, légers et éphèmères. Changeants et troublants. Fragiles ou menaçants, ils imposent leur ombre et se dérobent toujours.
Son fils finira par lui échapper, c’est dans l’ordre des choses. Et lui dans tout ça ? Quel est sa place, ses envies, ses désirs, ses rêves ? Il descend enfin de sa cabane et sort dans la rue. Son errance sera ponctuée de deux rencontres, qui lui feront encore prendre de la hauteur et lui permettront peut-être de faire la part des choses.
J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture poétique de l’auteur, son attachement à la nature et à ses manifestations, sa peinture des petites choses du quotidien, ses questionnements sur l’âme humaine, sa perception des relations père-fils, ses pensées sur le temps et ce qu’on en fait. J’aurais cependant apprécié cette fois-ci, que ses phrases prennent de l’ampleur, investissent davantage l’espace. Qu’elles se précipitent moins. Qu’elles se traînent un peu.
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