critique de "L'atelier des miracles", dernier livre de Valerie Tong Cuong - onlalu
   
 
 
 
 

L'atelier des miracles
Valerie Tong Cuong

Editions 84
janvier 2013
250 p.  7,50 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Qu’attend-on pour être à sa juste place dans l’existence ?

Ils sont trois, trois êtres cabossés par la vie, trois individus fragiles en dépit des apparences, trois personnes dont les destins auraient pu ne jamais se croiser. Sauf que tous trois, après avoir chacun perdu pied d’une façon différente, font la connaissance de Jean.

A la jeune Millie, rescapée d’une chute consécutive à un incendie, l’homme se présente ainsi : « – Je m’appelle Jean. Je m’occupe d’une association caritative, l’Atelier, peut-être en avez-vous entendu parler ? Nous aidons les personnes en grande difficulté, les accidentés de la vie. Nous les guidons administrativement, psychologiquement, nous leur donnons un coup de pouce matériel lorsque c’est nécessaire, bref nous les accompagnons de toutes les manières possibles. L’hôpital nous a signalé votre cas. » (page 64)

A Monsieur Mike, déserteur de l’armée, dont le cÅ“ur a été piétiné par son ex-femme et qui n’a plus trouvé de chaleur que dans la rue, sous le porche où il vit, il déclare : « – Voilà ce que je vous propose. Un hébergement dans les locaux de l’association, un mois de période d’essai et, si tout va bien, on signe pour la suite. Ce que j’attends de vous, c’est que vous nous protégiez. Moi, les autres membres de l’association, ceux auxquels nous venons en aide. Vous aurez le titre de responsable de la sécurité. Est-ce que ça pourrait vous convenir ? » (pages 74-75)

A Mariette, irréprochable épouse d’un député de la droite catholique, irréprochable professeur d’histoire-géo dans un collège, que ses élèves – un, en particulier – ont poussée à bout, il offre un sursis : « – Si je résume ce qui m’a été dit, vous avez fait un burn-out, vous étiez épuisée et malgré deux semaines de repos, des signes d’amélioration certains, une volonté réelle de vous rétablir, vous semblez soudain à cran à l’idée de reprendre le collier. Bref, le boulot n’est pas fait, vous êtes encore fragilisée. […]
Il avait une voix douce, rassurante. Il me proposait une chambre, du calme, du temps : tout ce dont j’avais besoin, là, maintenant. Mon angoisse est retombée d’un coup, il l’a senti, m’a tendu le bras. Je m’y suis accroché. » (pages 84-85)

Chacun à son tour, Millie, Monsieur Mike et Mariette racontent leur chute, puis leur arrivée dans cet Atelier où ils apprennent à doucement remonter la pente, tout en se posant enfin la question de pourquoi ils l’ont dévalée.
« Nous allons reconstituer le tableau de votre vie, je vous le promets jeune fille, et vous savez quoi ? S’il manque des couleurs, eh bien nous en fabriquerons de nouvelles. » (page 89), affirme Jean à Millie, qui feint l’amnésie et devient Zelda pour mieux se reconstruire.

On tombe instantanément sous le charme de Millie, Monsieur Mike et Mariette. Leurs faiblesses et leurs rugosités, mais aussi leur voix si particulière, les rendent terriblement attachants. On assiste, captivé, à leur résurrection grâce aux talents de Jean.
Avec L’atelier des miracles, Valérie Tong Cuong signe un très beau roman chorale et nous oblige à nous poser la question : qu’attend-on pour être à sa juste place dans l’existence ?

Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog

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coup de coeur

Ici, on répare les âmes et les coeurs

Dans ce roman choral plein d’humanité, de sensibilité et de générosité, Valérie Tong Cuong de sa plume sincère et chaleureuse prête vie à Mariette, Monsieur Mike et Millie, trois êtres meurtris par les vicissitudes de l’existence, et dont l’avenir semble hypothéqué par toutes les difficultés qu’ils doivent affronter. La providence va placer sur le chemin de ces trois personnages au bord du gouffre, un homme mystérieux, Jean, qui dirige un lieu d’entraide, un foyer de vie, niché dans un ancien atelier d’horlogerie : l’atelier des miracles. Un lieu où on répare les âmes et les cÅ“urs. Ensemble, ils vont comprendre qu’il faut aller puiser au plus profond de soi pour sortir de l’impasse et parfois survivre à ses démons : Mais à quel prix ?

Ce magnifique roman démontre avec beaucoup de pudeur que la vie est faite d’une succession de fragilités, de fractures, de failles mais aussi de ressources intérieures et de mains tendues qu’il n’est jamais trop tard pour saisir. Valérie Tong Cuong y met à l’honneur des valeurs telles que la solidarité, l’entraide.
Des valeurs qui font sens. Il devient alors difficile de quitter des personnages auxquels on ne peut que s’identifier, qui font résonnance en chacun de nous. Ce livre a un pouvoir que l’on pourrait presque qualifier de magique, il fait du bien, il apaise, il panse nos blessures les plus intimes en nous faisant voyager au cœur de nous-mêmes, de nos émotions.
L’atelier des miracles est un livre généreux tout comme l’est son auteur. Il fait des miracles sur les personnages mais aussi sur le lecteur, l’invitant à remettre en question qui il est (et qui il est devenu), ce qu’il désire, la vie qu’il souhaite réellement mener.
Valérie Tong Cuong dépeint avec réalisme, délicatesse et parfois dureté les relations humaines, les complexités de l’amitié mais aussi leurs travers. Et avec merveille et justesse, pose des mots sur les maux dans un roman à lire absolument.

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