Les étoiles s'éteignent à l'aube
Richard WAGAMESE

10 X 18
littérature etrangere
septembre 2017
312 p.  7,50 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Enorme coup de coeur pour « Les étoiles s’éteignent à l’aube » ! Le titre à lui seul donne déjà une idée de la poésie qui se dégage de ce roman qui ne traite pourtant pas d’un sujet léger.

Le jeune Franklin est un amérindien âgé de 16 ans. Il a toujours vécu auprès d’un vieil homme blanc qui l’a élevé comme son fils et lui a enseigné la vie dans la nature. Franklin ignore qui était sa mère et n’a rencontré Eldon,son père biologique, qu’à quelques reprises. Mais ces moments passés auprès de lui ne sont que des mauvais souvenirs car Eldon vit sous l’emprise quasi-permanente de l’alcool.

Cependant quand Eldon lui fait savoir qu’il va bientôt mourir des suites de son alcoolisme et qu’il désire qu’il le mène jusqu’à un endroit bien précis de la forêt où il pourra mourir comme ses ancêtres, Franklin accepte.

Pendant plusieurs jours, les deux hommes vont traverser cette forêt de Colombie-Britannique, s’apprivoisant mutuellement, se découvrant l’un l’autre. Le fils est à la recherche de ses origines, le père désire être pardonné.

« Un aigle survolait la vallée. Il entendit des glapissements de coyotes monter de quelque part et le craquement d’une branche causé par le passage de quelque chose de gros entre les arbres au-dessus d’eux (…) Son père se contenta de le regarder.

Je n’arrive pas à imaginer que quelqu’un va mourir dit le garçon. Ca m’effraie un peu d’y penser. Je ne sais pas trop comment y faire face. Je sais pas c’que je suis censé faire quand ça va arriver. Alors je sais pas comment ça se fait que j’t’ai amené ici. Peut-être que c’était juste pour moi. »
Franklin saura pourtant faire ce qu’il convient pour soulager son père des douleurs physiques, prendre soin de lui. Eldon osera enfin se libérer de la culpabilité d’un acte commis à l’âge de 18 ans pendant la guerre de Corée. Cette culpabilité qui l’a mené jusquà l’auto-destruction par l’alcool.

Franklin découvrira enfin l’identité de sa mère : « – J’aurais vraiment dû savoir ça depuis longtemps. J’aurais dû pouvoir avoir l’idée de qui elle était au lieu d’avoir une tête pleine de néant, dit le garçon. C’était mon droit, bon sang.

-Je sais, dit son père. Des fois j’ai essayé de parler d’elle, mais les mots ne venaient jamais. J’ai jamais eu le cran de laisser ça sortir. J’étais terrorisé à l’idée que si je le faisais, je replongerais dans la douleur et je continuerais à m’effondrer encore plus bas que tous les fonds que j’avais déjà atteints et que j’arriverais pas à trouver le moyen de remonter. »

Richard Wagamese, qui s’est éteint en mars dernier, aborde dans ce roman plusieurs thèmes :

comment réagir quand votre père, qui a disparu de votre vie depuis des années, a besoin de votre aide à la fin de sa vie ?
la fragilité psychologique qui empêche de surmonter des événements douloureux et entraîne une fuite en avant dans l’alcool.
la perte des Amérindiens de leur culture ancestrale.

partagez cette critique
partage par email