L'Inédit
Marie Cardinal

Carnets intimes
Le Livre de Poche
avril 2013
264 p.  6,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Autrement dit

Un joli sourire en noir et blanc d’écrivaine idéale, eye-liner et cheveux crêpés devant sa machine à écrire, une cigarette à la main. Qui est-ce ? La promesse du titre, « L’inédit », pousse à la curiosité… il s’agit de Marie Cardinal, l’auteure du célèbre et féministe « Les mots pour le dire », aujourd’hui un peu oubliée. C’est elle, photographiée par Robert Doisneau en 1963.

Elle tape à la machine, comme le confirment les pages dactylographiées qui scandent le livre, pages choisies et arrachées de son journal intime, journal de bord de la difficulté d’écrire, de la difficulté d’y croire. De la désespérance parfois, mais aussi de la joie devant la beauté du monde.

Les filles de Marie Cardinal, disparue en 2001, ont rassemblé des fragments de textes d’époque et de natures diverses, éclairant la trame d’une vie de femme engagée dans sa vie d’écriture. Hormis les extraits datés de son journal, on y trouve une interview d’elle-même par elle-même, exercice au long cours dont la mécanique trouble et ravit. Celle-ci est entrecoupée de textes en italiques, fictions, souvenirs, fragments d’histoires, morceaux d’images qui entêtent comme le parfum des giroflées sauvages dans le jardin de la bastide où se livre le face à face de l’écrivaine avec elle-même, un dialogue, parce que “le monologue me tue”.

Sur un clapot léger « L’inédit » vogue à travers les lieux et les époques, l’Algérie natale, la nostalgie de l’enfance, la Provence et Paris, plus tard le Canada, les voyages et les luttes.

Le bonheur d’une vie dans toute sa complexité, comme elle l’écrira si bien: « Le bonheur. Le bonheur à six branches, à deux têtes, à sept queues. Ce mot dans ma tête. Il vrombit, il grince, il s’enraye comme une perceuse. »

 

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