Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
Patrick Modiano

Folio
octobre 2014
160 p.  6,90 €
ebook avec DRM 6,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Retrouver un vieil ami…

Lorsque vous ouvrez un roman de Patrick Modiano, vous savez où vous mettez vos yeux. Un peu comme si vous retrouviez un ami que vous aimez beaucoup, dont vous savez qu’il ne vous décevra pas. C’est réconfortant. Vous reprenez avec lui l’histoire où vous l’avez laissée la dernière fois, avec quelques variantes car tout le monde change. Vous connaissez ses angoisses, ses doutes, ses marottes. « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier », c’est le petit mot qu’Annie Astrand a laissé à l’enfant lorsqu’il est parti se promener. Il y a des années de cela. Cette femme a été très importante dans sa vie, et pourtant, devenu adulte, il a tout oublié. Enfoui ses souvenirs si profondément qu’aujourd’hui Jean Daragone ignore qui peut bien être cette Annie Astrand. Il lui faudra se plonger dans son carnet d’adresses et tomber par hasard sur ces noms, pour réveiller doucement, très doucement, par petites étapes, ces fantômes, ressusciter des bribes de son enfance. Ce n’est pas un livre sur la mémoire, mais sur l’oubli. Ce n’est pas un roman sur la vie, mais sur la survie. Conçu un peu comme un policier, l’enquête se déroule sur les lieux du passé: un vieux garage, une maison désaffectée à Saint-Leu-la-Forêt, un café miteux. Peu à peu le voile se déchire, laissant apparaître quelques rayons de soleil, des fragments de mémoire. Jusqu’à reconstituer l’histoire, ou plutôt une certaine partie de l’histoire. Il faut accepter que certaines choses restent dans l’ombre, certaines questions sans réponse. « Au réveil, dans cette chambre, il se rendait compte qu’il lui avait fallu quinze ans pour traverser la rue. » Quinze ans pour tenter d’apporter des éclaircissements aux énigmes de sa vie.

partagez cette critique
partage par email