Satan habite au 21
Jean-Pierre De LUCOVICH

10 X 18
janvier 2015
504 p.  8,80 €
 
 
 
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coup de coeur

Satan est gouailleur

1944. Paris, le 11 mars. Le 36 quai des Orfèvres est appelé sur les lieux d’un incendie au cours duquel on découvre un charnier : les agissements du docteur Petiot viennent d’être mis à jour. Jacques, policier du quai des Orfèvres, se rend sur le lieu de l’incendie qui a permis de découvrir le charnier avec Jérôme Dracéna, détective privé, ancien de la maison et dont le père y a été commissaire. Voilà pour la trame de fond du livre

Ajoutez à cela : le fait que Jacques va entrainer notre privé dans la résistance en même temps que Marcel, un ancien cambrioleur et néo boxeur avec qui Jérôme croise régulièrement et les poings et les pieds dans une salle, et Lucien, ferrailleur de son état ; les multiples conquêtes féminines de Jérôme, véritable bourreau des cœurs et des corps qui tombe tout ce que le Paris nocturne et interlope de la guerre et du couvre-feu compte comme barmaids et entraineuses ; Tony, le pote italien photographe d’actrices de Jérôme ; Martial, le tenancier du bar en bas de chez Jérôme, au passé aussi trouble que l’origine de son whisky ; Mme Tarot, la concierge de l’immeuble de Jérôme, maman-poule pour ce dernier quand ses « poules » à lui, comme les appelle Mme Tarot, le laissent éreinté de fatigue ; une pléiade d’acteurs et d’actrices qui passent et repassent tels Arletty (déjà largement présente dans « Occupe-toi d’Arletty » du même auteur), Brasseur, etc…

Une fois que vous avez bien tous vos ingrédients, vous mettez tout dans un shaker, vous agitez bien et vous obtenez un cocktail de gouaille, de situations rocambolesques et pleines de panaches, de vengeances, de coups de poings, de cuites, de livraisons de cargaisons louches, de… bref de plein de choses qui rendent ce livre extrêmement agréable et divertissant à lire.

On frémit de plaisir avec Jérôme au contact de ses conquêtes toutes plus pin-up les unes que les autres, certaines allant même jusqu’à endosser le costume de la femme fatale. On hume l’atmosphère de fin d’occupation et de libération de Paris. On exècre les miliciens et gestapistes qui pullulent tels de vilains petits cafards. On se prend à jouer des poings pour taper du truand vraiment salaud.

Jérôme Dracéna mènera évidemment à bien ses multiples missions, que ce soit dans le cadre de la Résistance ou dans le cadre de son enquête sur le Dr Petiot. Seule ombre au tableau, la vie sentimentale de Jérôme Dracéna ne sortira pas indemne des turbulences de cette fin d’année 1944. Des esprits pointilleux, et c’est bien leur droit, pointeraient les incohérences et les concours de circonstances ainsi que le fait pour le « héros » d’être toujours au bon endroit au bon moment ou de connaître ou de rencontrer les bonnes personnes. Mais Jean-Pierre de Lucovich entraine le lecteur dans une course folle à travers Paris occupée, on s’y laisse noyer avec une certaine délectation, on se laisse prendre à un charme un peu désuet fait de voitures Juvaquatre, de cigarettes Week-end… Alors oui, c’est de la littérature facile, mais alors que c’est divertissant et bien écrit !

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