Il faut tuer Lewis Winter
Malcolm Mackay

Traduit par Fanchita Gonzalez Batlle
Le Livre de Poche
janvier 2014
312 p.  7,10 €
ebook avec DRM 7,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Profession: tueur à gages

Deux romans ont suffi à cet Ecossais trentenaire pour imposer sa voix dérangeante et moderne dans le paysage du polar et du thriller. Malcolm Mackay, dont le talent littéraire se confirmant dans « Comment tirer sa révérence », a débarqué en France début 2013 avec « Il faut tuer Lewis Winter », volet inaugural de sa trilogie de Glasgow, aujourd’hui réédité en poche.

Dans ce premier roman, l’auteur se glisse dans la tête d’un jeune tueur à gages ambitieux et solitaire. Professionnel jusqu’à la maniaquerie, Calum Mclean a le souci d’exécuter ses contrats sans mal ni douleur pour… ses victimes. Non par excès de sensiblerie, mais parce qu’il veut faire une belle et longue carrière. Pour éviter que l’on remonte jusqu’à lui et ses commanditaires, il oeuvre donc dans une discrétion absolue. Pas de cris, pas d’erreurs, le moins de sang possible : de l’effaçage clinique.
Les premières lignes du roman donnent le ton :
« Ça commence par un coup de fil. Une conversation anodine, familière, amicale, on ne parle pas affaires. Un rendez-vous est pris, en terrain neutre, un lieu public de préférence. Quels que soient l’interlocuteur et le lieu de rencontre, il faut rester prudent. Parer à toute éventualité, rien n’est acquis d’avance. On est tenté de faire confiance, mais c’est une erreur. Quelqu’un qui a été votre ami et votre confident pendant vingt ans peut vous lâcher en un clin d’oeil. Ça arrive. Tout être sensé garde en tête cette triste réalité ; les autres l’apprendront. »
En accumulant les petits riens qui obsèdent ces truands paranoïaques, en déroulant leurs échanges mécaniques et sans chaleur, Malcolm Mackay souligne le vide existentiel dans lequel ils baignent indéfiniment. Cet exercice de style hyperréaliste, incisif, cynique jusqu’à la drôlerie et parfaitement cohérent, nous démontre que ces tueurs n’ont peur de rien parce qu’ils sont déjà un peu morts. Le tour de force étant qu’on se surprend malgré tout, comme avec Dexter Morgan ou Walter White (« Breaking Bad »), à souhaiter la réussite de Calum…

partagez cette critique
partage par email