Assassins d'avant
Elisa Vix

Editions du Rouergue
septembre 2017
176 p.  18 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Adèle Lemeur est chercheuse en médecine, elle est aussi la fille de Marie Moineau qui en mars 1989 a été tuée par un enfant dans sa classe.

25 ans plus tard cet événement la ronge toujours autant et elle veut à tout prix comprendre ce qui s’est réellement passé, savoir pour quelle raison sa mère est morte.

Elle retrouve un ancien élève de sa mère, Manuel Ferreira qui est aujourd’hui devenu flic. Il était en classe à l’époque, juste à côté de Ladji Keita, le présumé coupable aujourd’hui décédé.

Avec l’aide de Manuel elle va essayer de rencontrer les autres enfants présents et de comprendre. Mais Manuel a ses parts d’ombre, un frère tétraplégique que sa mère refuse de voir partir.

Manuel trie soigneusement les infos qu’il transmet à Adèle, il lui cache des choses. Voudrait-il la ménager ? Que lui cache-t-il ? Manuel et Adèle sont amoureux cela ne simplifie pas la situation.

En cherchant à comprendre ce qui s’est réellement passé vint-cinq ans plus tôt, Adèle ne se doute pas de ce qu’elle va découvrir. Secrets de famille bien gardés.

Avec beaucoup d’adresse Elisa Vix nous propose un roman à deux voix. Chapitre après chapitre, tout à tour Manuel et Adèle s’expriment.

On plongera peu à peu dans la psychologie de chacun. Elisa Vix nous distille savamment des éléments qui nous permettent de découvrir le passé.

C’est passionnant, une plume intrigante, qui cultive le mystère. L’écriture est fluide, efficace, rythmée, tenant en haleine. Impossible de lâcher ce polar noir avant le terme.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Emeric est coutumier de ces coups de sang. Chaque fois, il revient et nous reprenons notre train-train comme si de rien n’était. Mais à chaque fois, le lien s’effiloche. Une corde si usée que seul un brin fragile nous retient encore l’un à l’autre.

Son bonheur fait peine à voir, c’est celui du cancéreux qui ignore la gravité de son mal et se réjouit d’un rayon de soleil.

Comparé au fracas de l’autoroute, le silence de l’appartement est comme une plongée en eau profonde après le vacarme des vagues. Reposante et angoissante.

Ce matin, il se présente à ma porte, les yeux battus et la crinière emmêlée, comme un chien qui revient de fugue et sait qu’il va se faire engueuler. Mais il revient toujours, le chien, et, toujours, on lui ouvre cette foutue porte, car, au fond du coeur, on l’aime, malgré ses mensonges et ses manigances de clebs roublard.

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nuit blanche

Ne pas se retourner… DANGER !

Je ne sais pas si l’on peut mesurer la qualité d’un livre à la vitesse à laquelle on le lit, mais si c’est le cas, on peut dire que c’est un polar « qui fonctionne » en ce sens qu’à peine commencé, impossible de le poser… Résultat : une petite nuit et un lever un peu douloureux ce matin mais bon, je n’avais qu’à pas…
Le sujet : Manuel Ferreira est flic et s’apprête à rencontrer une journaliste, Adèle Lemeur, qui veut l’interviewer sur le problème des effectifs dans la police. Ben oui, tiens, pourquoi pas, sauf que, plutôt que de sortir un calepin pour noter les réponses, la jeune femme pose sur la table du bistrot une photo pas très récente, une photo de classe.
Manuel ne dissimule pas sa surprise et son profond malaise : elle lui explique la situation très clairement. Elle n’est pas journaliste, elle est la fille de la maîtresse qui avait été assassinée dans sa classe, en plein cours, par un de ses élèves, il y a longtemps, plus de vingt-cinq ans, en mars 1989.
Effectivement, Manuel était présent ce jour-là dans la classe. Oui, il a tout vu, tout entendu et a déjà tout dit. La police a mené l’enquête, on sait d’ailleurs qui a tiré. L’affaire est classée, inutile de revenir là-dessus, lui précise-t-il masquant difficilement un trouble grandissant qui aurait plutôt tendance à démentir ses affirmations.
La jeune femme veut approfondir la question, comprendre. Elle ne lâchera rien. Son père a toujours voulu la protéger et donc a refusé de lui donner des explications. Mais comment se construire sur un silence, un non-dit ? Impossible…
Et pourtant, si son père avait eu raison de se taire ?
Des explications, peut-être n’en avait-t-il finalement aucune à lui fournir : comment comprendre qu’un enfant, puisque le meurtrier était un élève de cette classe de CM2, puisse vouloir tuer une instit’ que tout le monde aimait et avec laquelle le petit gamin n’entretenait aucun conflit ? Comment comprendre son geste ? Le mystère est entier.
Adèle Lemeur veut savoir pourquoi sa mère est morte, c’est tout. Elle a besoin de comprendre pour aller mieux. On ne peut vivre avec tout un pan de son passé dans l’ombre. Elle fera tout pour avoir des réponses. Elle a posé un congé de six mois pour se lancer corps et âme dans cette enquête et elle espère que Manuel pourra l’aider.
Mais Manuel est-il la bonne personne sur qui compter dans ce genre de situation, lui qui donne plutôt l’impression de vouloir dissimuler certaines choses ? Cela étant, difficile de dire non à une jeune femme si séduisante…
Au fond, qui est-il cet homme mal dans sa peau et dans sa vie ? Quels sont ses secrets ?
Et si Adèle, bien naïvement, se lançait dans une recherche périlleuse qui au lieu de lui permettre de se reconstruire allait tout simplement la détruire à petit feu…
Toute vérité n’est pas bonne à savoir … Regardez Oedipe… à vouloir remuer le passé, on libère des ombres qui nous enferment davantage dans une nuit épaisse…
Un polar rythmé et plein de suspense dont l’écriture simple, fluide et efficace nous tient en haleine jusqu’au bout, jusqu’à la dernière ligne…
Comme je vous le disais au début de la chronique, c’est simple : impossible de poser le roman avant de l’avoir fini. Vous êtes prévenu maintenant…

Retrouvez Lucia-lilas sur son blog 

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