Ásta
Jón Kalman Stefánsson

Grasset
août 2018
496 p.  23 €
 
 
 
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Crudité et poésie.

Le premier mot qui me vient à l’esprit pour parler de ce roman, c’est poésie. C’est délicatesse, émotion. Tous ces aspects viennent s’entrechoquer avec la crudité, la brutalité parfois, de ce que la vie réserve d’une part et de la façon d’écrire de l’auteur d’autre part : on appelle un chat un chat.

J’ai aimé l’originalité du processus narratif : le lecteur découvre l’histoire d’Asta par bribes, à travers les souvenirs embués de Sigvaldi son père, tombé de son échelle. Rêves et réalité se mêlent, se fondent dans une brume nordique qui emmène loin et touche le coeur.

Outre des portraits saisissants des membres d’une famille, de la vie quotidienne en Islande (j’ai aimé découvrir de petites anecdotes comme les appartements en sous-sol, les traditions culinaires, les paysages…), ce roman en quelque sorte choral offre une réflexion sur le pouvoir de la poésie et de la beauté. La rédemption peut-elle s’opérer grâce à cela ? Est-ce qu’elles peuvent nous sauver du désespoir ?

Il y a de grands espaces dans cette histoire, il y a du vent, des étendues désolées, et des personnages meurtris qui meurtrissent à leur tour. Il y a un questionnement sur la possibilité ou non d’aimer et d’être aimé, quand nos parents nous ont transmis leurs propres difficultés.

La lecture fut aisée, même s’il faut faire attention à ne pas se perdre dans les narrateurs qui ne sont pas systématiquement explicites. Dans mon esprit, j’ai eu affaire à un vrai moment de Littérature. Un style, une voix, et sans doute une oeuvre dont je vais poursuivre la découverte. Il y a une force extraordinaire dans ce roman, un souffle, une émotion difficiles à verbaliser.
Seul bémol, la jaquette illustrée pour la couverture n’est pas du tout au service du roman. A elle seule, elle m’a fait repousser ma lecture…C’est vraiment dommage.

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Un amour islandais

Ce roman islandais est superbe, sa conception a du demander du temps et de la méthode à l’auteur, et au traducteur Eric Boury, exceptionnel, parce qu’il s’agit d’un puzzle qui se met en place à la lecture sans effort.
Un homme tombé d’une échelle va mourir, et sa vie ainsi que celle de tous les êtres aimés défile, il pense raconter tout cela à une passante qui le réconforte.
Asta est avant tout une histoire d’amour, de grand amour, d’abord de cet homme, Sigvaldi et de sa première épouse Helga, femme trop excessive qui l’abandonnera ainsi que leurs deux petites filles Sesselja et Asta(qui veut dire amour).
Puis changement de rythme, c’est Asta, qui après avoir aimé sa nourrice la quitte pour « une cession de rééducation » et une histoire d’amour qui aurait pu être belle et qu’elle n’oubliera jamais. Une enfant confiée à son père et sa belle-mère.
Une vie chaotique qui mène Asta pour des études à Vienne entre autres.
Les fjords de Norvège et Reykjavik font partie de ce roman tellement maîtrisé, où s’enjambent les époques sans chronologie, on y trouve des lettres, on en devine l’auteur, se mêle aussi la voix de l’écrivain. C’est un roman curieux, charnel, politique, et aussi il parle d’amour paternel par le récit conscient ou inconscient de Sigvaldi au moment de mourir.
Ce livre, qui ne s’oubliera pas est une performance réaliste et poétique.

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