critique de "Ceci n'est pas une histoire d'amour", dernier livre de Mark Haskell Smith - onlalu
   
 
 
 
 

Ceci n'est pas une histoire d'amour
Mark Haskell Smith

traduit de l'anglais par Julien Guérif
Rivages
juin 2016
316 p.  22 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Irrésistible !

Mettre aux prises des gens n’ayant rien en commun et que tout semble opposer : en fiction, l’effet est garanti. Chez Mark Haskell Smith, un romancier et scénariste américain porté sur la provocation et l’humour noir, cet effet est forcément comique. Dans « Ceci n’est pas une histoire d’amour », son cinquième roman, il fait se croiser le monde de la télé-réalité et celui de l’édition littéraire avec une envie égale d’égratigner l’un et l’autre. Première victime expiatoire : un Monsieur Muscles à cervelle de canari dont l’Amérique téléphage vient de vivre les malheurs en direct. Pour promouvoir l’autobiographie tirée de l’émission qui l’a fait star, il exhibe sa belle gueule et sa plastique dans une harassante tournée des librairies. Celle-ci sont prises d’assaut parce que le livre, « son livre », est excellent. Ce qu’il ignore car un nègre talentueux, écrivain frustré, l’a rédigé à sa place. Resté dans l’ombre, un succès en appelant peut-être un autre, ce dernier est prêt à troquer ses rêves de prix littéraires contre une nouvelle vie de luxe et de débauche. Ce qui n’est pas plus glorieux. Mais une jeune blogueuse féroce, qui crie à l’imposture, vient à leur rencontre pour les démasquer. Par tous les moyens, même les moins avouables. Ce trio de paumés magnifiques va se révéler imprévisible jusqu’au bout, car le bellâtre croit à l’amour et les deux intellos ont des heures de sexe en retard : de quoi brouiller leurs logiques respectives. Leur chassé-croisé se teinte de toutes les nuances possibles du comique, entre répliques décalées, exhibitions d’abdo répétées et névroses à deux sous. Un humour de sit-com qui passe avec la même efficacité du loufoque au dévergondé, et du dévergondé au salace. L’auteur appelle les choses par leur nom, surtout question sexe. Ses excès font mouche. Une scène résume l’ambition du livre : la séance de dédicaces qui dérape parce que le faux écrivain, en proie au stress, a confondu ses calmants avec du Viagra. Si l’on accroche à ce genre de rigolade, c’est irrésistible!

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 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

« Elle avait bien un air d’éditrice. »

Ca va vite (excellent sens du rythme), c’est épicé (parfaite capacité d’évocation), c’est drôle (un humour très élégant en plus, caustique mais jamais méchant), c’est tout simplement excellent. Mark Haskell Smith est de la famille de Laurent Chalumeau en ce qu’il tricote des intrigues tissées d’absurde sur un fond parfaitement solide et documenté. Dans ce roman trois personnages principaux décryptent la société américaine; il y a Sepp, star de la téléréalité beau comme un dieu mais débile – profondément stupide (et on verra que la bêtise est dangereuse, même sans une once de méchanceté – concept qu’il ne comprendrait pas, de toute façon); il y a Curtis, qui a écrit le roman signé par Sepp, déchiré de devoir mettre ses indéniables (et ultra talentueuses) qualités littéraires au service d’une telle cause mais incapable de se faire éditer pour lui-même; et enfin il y a Harriet, blogueuse littéraire pointue et élitiste qui n’en reviendra pas de se retrouver au beau milieu de cette aventure échevelée. Car ça déménage ! C’est chaud-bouillant et tout le monde en prend pour son grade…

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