critique de "Hérésies glorieuses", dernier livre de Lisa McInerney - onlalu
   
 
 
 
 

Hérésies glorieuses
Lisa McInerney

Joëlle Losfeld
littérature étrangere
aout 2017
464 p.  23,50 €
ebook avec DRM 16,99 €
 
 
 
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coup de coeur

« La chaleur capiteuse de cette pensée transperça sa carapace, pénétra ses os, le souleva sur la pointe des pieds et s’évapora en fumant de sa personne comme de l’eau bénite des épaules du diable. »

C’est un premier roman, et c’est le genre de premier roman qui donne envie que son autrice arrête tout et ne passe plus sa vie qu’à écrire. Nous sommes à Cork, en Irlande. Y vivent Jimmy, Ryan et Georgie. A priori, rien ne les prédispose à se rencontrer. Jimmy à quarante ans mène une vie de petit mafieux local (installé, redouté, quasi institutionnalisé), Ryan a quinze ans et tombe amoureux – vraiment amoureux, de cet amour total, indestructible et éternel – de Karine, et Georgie déboule de son petit bled et s’acoquine avec le mauvais cheval. C’est Robbie. Hélas un jour Robbie rencontre Maureen, la mère de Jimmy. A partir de là, leurs routes ne cesseront de se croiser pour leur malheur à tous… C’est noir, mais c’est loin de se réduire à ça. Il y a une vérité dans la prose de Lisa McInerney, quelque chose qui transperce les couches d’inéluctabilité des méandres de ses intrigues, quelque chose qui ressemble à ce qu’on ressent quand on verses des hectolitres de larmes devant Happy Valley mais qui est complètement différent en même temps, parce que c’est l’Irlande (et que ça ne pourrait pas être ailleurs, pas comme ça en tout cas) (traduction magnifique de Catherine Richard-Mas). On est soudainement désarmé par la beauté d’une phrase en plein rebondissement dramatique alors même qu’on hésite sur la manière dont on interprète ce qui se passe, on voit Ryan s’avancer tout debout vers un chemin qui ne lui permettra pas de faire demi-tour – et on s’en frustre, à la recherche d’une façon de le prévenir, écartant le fait qu’on soit en train de lire un roman; on voudrait pouvoir glisser une main dans l’intrigue, souffler un mot l’air de rien, intervenir. C’est dire combien on est entré dans l’histoire. Les deux phrases d’éloges en 4° de couv disent ça très bien, et je ne trouverai pas mieux :
« Voilà une auteure vraie, dont chaque page crépite de vie, de scènes tordues et folles, de descriptions sidérantes et d’une réelle tendresse. »
et
« Un premier roman spectaculaire, dur et tendre, gothique et lyrique. Un récit vertigineux et moderne… »
Entièrement d’accord !

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