Le Mec de la tombe d'à côté
Katarina Mazetti

Traduit par Lena Grumbach et Catherine Marcus
Actes Sud Editions
babel
novembre 2013
253 p.  10 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Benny et Désirée

A ma droite, Benny, 37 ans, qui vit seul avec ses vingt-quatre vaches (et quelques moutons) dans l’exploitation familiale. Pas qu’il ait vraiment la vocation ni le profil type du fermier suédois, mais il s’est décidé une nuit d’été quand il a vu sa mère sous le grand sorbier dans la cour, le bras autour du tronc et les yeux rivés sur les terres. Il ne pouvait pas abandonner tout ça, simplement.
A ma gauche, Désirée, 35 ans, bibliothécaire en charge de la section jeunesse, en passe de devenir femme de Carrière avec Centre d’intérêts Culturels. Trois C, on aurait pu y ajouter deux autres pour Complètement Conne, dit-elle.
Début du combat.
Benny s’occupe régulièrement de la tombe de sa mère, vaincue par le cancer, Désirée va chercher l’affliction qu’elle aimerait pouvoir ressentir sur celle de son défunt mari, fauché à vélo.
Ils se regardent sans aménité du coin de l’œil, au cimetière, mais un jour un sourire partagé produit un arc de lumière bleue pendant trois heures, ou trois secondes. Ca c’est selon Désirée, Benny lui, voit un sourire de gamine en vacances.
Badaboum, le sort en est jeté, B + D = A (lchimie inexplicable.)
Elle, rien qu’à l’évoquer, elle a les ovaires qui s’agitent comme des fous. Lui, il aime même quand elle a ses règles, parce que ça fait très intime, ça dégage un bien-être confortable, l’élève au statut de permanent.
Mais, mais, mais.
Ils n’ont rien en commun.
Et pour jeter des passerelles au dessus des ravins, il faut être en phase…
Formidable, réjouissant, actuel, moderne, intemporel, drôle, tendre, émouvant, léger mais loin d’être creux, je n’en jette plus, mais le cœur y est. J’ai savouré chaque instant de ma lecture, parce qu’il n’y a rien à écarter dans ce roman, on suit nos deux tourtereaux avec une grande tendresse et on voudrait vraiment bien que… malgré…

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Le jeu de l’accord et du désaccord

Un vent de fraîcheur souffle des pages de ce livre. On sent que l’auteur a décidé de se faire plaisir et de faire plaisir à ses lecteurs. Pour cela, son récit ose tout. De la rencontre au cimetière à la relation bibliothécaire-agriculteur, des digressions sur l’insémination bovine aux prédispositions astrales décalées.
Irrévérencieux, il ne nous épargne rien du coup de foudre devant la pierre tombale aux ratés anti-conte de fées, tout en sachant ménager l’effet de suspense des dernières pages.
Aucun à priori ne vient gêner l’histoire et c’est justement ce qui est jubilatoire. On se demande avec gourmandise quelles idées décalées se cachent dans les pages à venir. Cependant, le style et l’écriture riches et assez classiques donnent ses lettres de noblesse à ce livre.
Il serait trop facile d’en déduire que pour une deuxième chance ou une nouvelle vie il suffit d’oublier ses certitudes et s’ouvrir aux autres. Rien n’est si simple, bien sûr. Si la morale peut sembler aussi cruelle que la réalité, en conclusion l’auteure rappelle que seule la vie parvient à en décider.

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