Un autre Brooklyn
Jacqueline Woodson

Stock
la cosmopolite
janvier 2018
176 p.  18 €
 
 
 
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o n  l  a  r e l u

UN AUTRE BROOKLYN de Jacqueline Woodson

Après avoir écrit au moins une vingtaine de livres pour la jeunesse, qui lui ont d’ailleurs valu des Prix aussi prestigieux que le « National Book Award » pour « Brown Girl Dreaming » (2014), « Un autre Brooklyn » est le premier roman pour adultes de Jacqueline Woodson et a en outre, été finaliste du « National Book Award » (également) en 2016. Elle écrit en page 163 : « A propos de l’écriture d’ »Un autre Brooklyn » :
« La conception d’un roman implique un retour dans le passé, ce qu’on espérait, ce qu’on imaginait. C’est un voyage chargé d’émotions, dont les personnages ne font pas toujours, pas plus qu’ils ne disent, ce que souhaite l’écrivain. On me demande souvent des explications en la matière et je découvre que je ne peux en fournir. Tout a du sens lorsque je suis plongée dans mon roman mais, dès que j’émerge de l’univers que j’ai créé, j’ai du mal, j’ai du mal à retrouver les instants qui ont précédés ceux où mes personnages se sont imposés à moi. Il me semble que les personnages qu’un écrivain invente ont toujours existé quelque part, et de multiples manières ».
C’est un roman à la fois poétique et très réaliste et il m’a été indiqué pour mon prochain club de lecture. De plus, il a fait partie de la rentrée littéraire de janvier dernier.

Nous sommes pendant l’été 1973 et la narratrice, August (8 ans) se retrouve à Brooklyn avec son père et son petit frère. De sa mère on ne sait seulement que ce qu’elle en dit : qu’elle reviendra demain, après-demain…
En observant d’autres adolescentes, Sylvia, Angela et Gigi qui passent dans sa rue, elle finit par se lier d’amitié et deviennent inséparables. Toutes espèrent un avenir meilleur. Elles endurent les galères de leur vie quotidienne, adorent écouter de la musique et rêvent… On a également l’impression d’entendre cette musique et les références sont nombreuses.
Cet amour de la musique, du jazz en particulier, les soude encore plus. Et comme elles sont bien complices, elles se font même des confidences sur leurs premiers flirts. Des adolescentes en somme.

Les chapitres sont courts avec des descriptions très poétiques. L’auteure, afro-américaine, a grandi elle-même dans ce quartier de New York.
Avec ce roman sur des souvenirs, des bonheurs perdus et des chagrins endurés, c’est un joli ouvrage qu’a écrit Jacqueline Woodson.

Dans le « quartett » que forment ces jeunes filles, on voit que August a trouvé un réconfort, un refuge mais aussi un peu d’insouciance (le propre de la jeunesse) car sa vie est trop triste avec son père et son frère. Elle peut ainsi s’évader. Mais elle rencontre aussi l’Islam avec la Sœur Loretta qui finit par venir s’occuper de rétablir un peu d’ordre dans sa famille.

L’écrivaine reconnaît qu’elle s’est penchée sur son adolescence, « l’effroi de ses premières amours, la force de la volonté de survie, la pesanteur et la cruauté de la fin de l’enfance ». Pour elle, « un écrivain écrit pour exister » et ce livre l’a emmenée en voyage.

J’ai remarqué les dernières lignes : « J’ai levé la tête pour admirer les feuilles aux couleurs changeantes. A un moment donné, nous avons tous la même destination, ai-je pensé. A un moment donné, tout, la moindre chose, chacun de nous, se mue en souvenir » (page 161) qui forment la conclusion.

S’il est vrai qu’au départ je me demandais ce qu’allait représenter ce livre pour moi (avec sa couverture toute simple où se dessinent les profils des jeunes filles), j’ai été agréablement surprise à mesure que je tournais les pages.
Je peux donc reconnaître que c’est un ouvrage bien touchant par les émotions des fillettes, leur vie, leur lutte pour se faire imposer en tant que « gens de couleur » parmi « les Blancs ».

Je voudrais signaler aussi deux critiques :
« Un autre Brooklyn est un autre mot pour poésie ». (The Washington Post).

« Woodson offre aux jeunes filles noires ce qu’Alice Munro offre aux jeunes filles pauvres des zones rurales : elle donne de l’importance à leur quotidien ». (Elle)

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