Une partie d'échecs avec mon grand-père (roman de guerre)
Ariel Magnus

traduit de l'espagnol par Serge Mestre
Rivages
février 2018
313 p.  22,50 €
ebook avec DRM 16,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La diagonale du romancier

Brillant et enlevé, le roman d’Ariel Magnus, premier traduit en français avec brio par Serge Mestre, nous entraîne dans un jeu littéraire mêlant réalité et fiction, où l’auteur argentin, à partir du journal de son grand-père juif exilé, raconte le Tournoi international d’échecs de Buenos Aires en 1939, en plein climat de guerre.

Tous des personnages de roman

L’auteur s’autorise toutes les libertés, se balade sur la ligne du temps, fait incursion dans son propre récit et emprunte des personnages de fiction, comme le célèbre joueur d’échecs de Stefan Zweig, Mirko Czentovic. Arrivé par paquebot dans la capitale argentine, ce dernier y rencontre Heinz Magnus, le grand-père exilé juif allemand, contraint de renoncer à ses rêves d’écriture pour subvenir aux besoins de sa famille. En marge de la compétition d’échecs en cette fin d’été 1939, Heinz fait aussi la connaissance d’une joueuse allemande qui refuse de concourir sous le drapeau nazi. Pour couronner le tout, Ariel Magnus intervient directement, discute avec son aïeul défunt et défend son droit à la liberté d’imagination. Sur les pas de Borges, de Roberto Arlt, de Poe, Ariel Magnus réécrit l’histoire familiale.

Un célèbre tournoi d’échecs

Lors de l’Olympiade d’échecs en 1939, l’Allemagne gagne contre la Pologne : triste ironie à l’image du conflit mondial qui éclate en septembre de cette même année. Le jeu est ainsi une métaphore de la vie où rois, cavaliers et fous, parfois désemparés devant l’infinie combinaison de choix qui s’offrent à eux, tâchent d’anticiper les coups des adversaires. Dans le roman, l’auteur omnipotent déplace les personnages selon l’interprétation du journal de son grand-père et avec l’avantage du regard rétrospectif. Sous sa plume, Heinz Magnus devient un être de papier à la croisée des chemins entre son ambition littéraire, son amour pour une joueuse d’échecs libre et plus âgée, et un projet de sabotage du tournoi visant à humilier le régime nazi. Ariel Magnus signe là un roman parfois exigeant mais original et émouvant, remontant aux sources de sa famille bouleversée par un nouvel ordre mondial.

 

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