Vera
Karl Geary

traduit de l'anglais par Céline Leroy
Rivages
août 2017
276 p.  21,50 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
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Une histoire irlandaise

A seize ans, Sonny est le seul de la famille à aller encore au lycée. Un enfant qui étudie, c’est un enfant qui ne rapporte pas d’argent à la maison, une bouche de plus à nourrir. Ses frères qui, eux, triment toute la journée sont jaloux, sa mère ne cesse de passer sur lui ses nerfs bien éprouvés, et son père grille en paris, le vendredi soir, le peu d’argent qu’il a gagné la semaine. Isolé au milieu des siens, isolé aussi au sein de l’école où, boursier, il est plus pauvre que tout le monde, il se rebelle et finit par se faire renvoyer. Son destin semble tout tracé : le boucher du quartier, en bien mauvaise posture lui aussi à cause de la grande surface installée à une encablure, va le prendre comme un apprenti. Pourtant, dans cette existence qui lui semble sans avenir, une rencontre va venir bouleverser Sonny. Une femme qui pourrait être sa mère, belle, élégante et complètement perdue. Vera habite l’une des belles maisons de Dublin et le père de Sonny vient y faire des petits travaux, parfois accompagné de son fils. Elle semble toujours sortir d’une brume, d’un rêve ou d’un cauchemar, et cette fragilité touche droit au cœur l’adolescent. Ce qui avait débuté comme une relation entre une adulte et un enfant va peu à peu laisser la place à une histoire amoureuse. Rien de choquant ni d’incestueux dans cette idylle, juste la tendre rencontre entre deux êtres perdus, dont on pressent dès le départ, qu’ils ne pourront pas grand chose l’un pour l’autre. Avant de devenir écrivain, l’Irlandais Karl Geary a émigré aux Etats-Unis, a gagné sa « greencard » à la loterie, puis est devenu mannequin et acteur, et enfin scénariste pour Hollywood. Un chemin tortueux, peut-être nécessaire, pour arriver à ce roman, un des enchantements de cet automne.

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 Les internautes l'ont lu

Un joli roman.

Un ado, mal dans sa peau, perdu dans une famille bancale et sans amour. Une mère qui peine à joindre les deux bouts, un père qui file chez les bookmakers dès que la paye tombe, des frères indifférents avec lesquels il a bien peu à partager. Au milieu des cris et des reproches, Sonny tente de surnager entre l’école qui ne le passionne pas et quelques heures de travail chez un boucher, pour gagner dix livres par semaine.

Et un beau jour, il fait la rencontre qui change sa vie.
Vera est belle, très belle même, malgré un mal-être perceptible que le jeune homme ne comprend pas.
Malgré la différence d’âge et de classe sociale, une étrange relation s’installe et c’est avec beaucoup de crainte et de pudeur qu’ils se dévoilent peu à peu.

Autant le dire d’emblée, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman et pourtant, j’y ai trouvé une sorte de nostalgie envoûtante, qui fait que les pages se tournent vite, trop vite.

Tout réside, à mon sens, dans l’ambiance opaque de cette relation improbable, lourde de non-dits.

Si Sonny est décrit avec beaucoup de précision, l’auteur choisi de laisser l’ombre planer sur son héroïne.
Qui est-elle ? On ne le sait pas vraiment, pas plus que son âge ou sa situation familiale.

J’ai particulièrement aimé le style d’écriture. Le choix de l’auteur d’employer le « Tu » pour s’adresser à son héros m’a déstabilisée pendant quelques pages, mais, une fois habituée, j’ai trouvé que ce mode de narration créait une sorte de proximité, voire même de complicité entre le personnage et le lecteur.

Dire que j’ai adoré serait exagéré, mais j’ai trouvé cette histoire douce-amère pleine de charme et la révélation de la dernière page m’a laissée au bord des larmes.

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