Soif
Amélie Nothomb

Albin Michel
août 2019
162 p.  17,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

« Soif » d’Amélie Nothomb dessiné par Soledad

 

 

 

 


Amélie Nothomb vue par Soledad

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Donner la parole à Jésus, c’est gonflé ! Amélie l’a fait

Elle fait parler Jésus et nous fait imaginer les réflexions qu’il aurait pu avoir les dernières heures de sa vie. Fallait vraiment oser !

On retrouve la plume inimitable d’Amélie mais ce récit, mi-roman, mi-essai est bien différent des autres, c’est un récit mystique, philosophique qui demande réflexion et introspection.

On retrouve son humour un peu « caustique » quand d’entrée de jeu, les 37 miraculés plaident coupable et condamne Jésus à la crucifixion. Humiliation suprême.

Mais pourquoi Jésus a-t-il laissé faire cette fin atroce, pourquoi n’a -t-il rien fait ? C’est le point de départ de la réflexion d’Amélie qui avait ce livre en elle depuis tant d’années.

On va « vivre » avec Jésus ses dernières heures , ses pensées, sa portée de croix, sa crucifixion et le sens donné à Jésus fils du Père venu sur terre pour sauver « nos péchés ».

Je suis d’éducation catholique et ce livre ne m’a en rien choqué. Il y a de la matière, certaines réflexions philosophiques qui auraient pu il est vrai être plus développées mais c’est peut-être là qu’Amélie veut en venir, à nous de réfléchir…

Quelques exemples :

Le premier miracle des noces de Cana est la découverte pour Jésus de son pouvoir. On n’attendait rien de lui , il en prend plaisir. Ensuite son pouvoir devient un devoir pour les autres ? Et pourquoi ne l’utilise-t-il pas pour lui ?

Il nous parle de Judas, un problème permanent, de la nuance existant entre le mensonge et le secret.

De corps et d’esprit. Amélie prend le postulat de Jésus l’humain, l’incarné qui aime la vie. Elle nous parle du mal qui trouve toujours son origine dans l’esprit, d’un homme qui a connu l’amour – celui de Marie-Madeleine – de la soif et de la mort.

Soif : « Pour éprouver la soif il faut être vivant. » Cette soif qui lorsqu’elle devient extrême pousse à la transe mystique. Pourquoi n’y a-t-il pas de mot lorsque l’on cesse d’avoir soif ? Pour la faim, on parle de satiété, pour la fatigue de repos, pour la souffrance, de réconfort mais rien pour la soif ?

Pour Amélie, la gorgée d’eau devient un émerveillement, un éblouissement , c’est Dieu.

Beaucoup de réflexions qu’on aimerait plus profondes, plus développées mais dans ce cas , ne serions-nous pas basculés du roman à l’essai ?

Un récit qui nous parle de la cruauté de l’homme. Quel est ce besoin d’assister au malheur des autres ? S’aime-t-on vraiment ? alors que vaut « Aimer son prochain comme soi-même ? »

Il est différent ce roman mais on retrouve un texte profond, puissant dans un style inimitable.

A vous de vous faire votre idée, un seul moyen lisez-le , quoi qu’il en soit que vous aimiez ou non, il ne vous laissera pas indifférent.

Il était tout de même finaliste pour le Goncourt.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Les humains se plaignent, à raison, des imperfections du corps. L’explication coule de source : que vaudrait la maison dessinée par un architecte sans domicile ?

On est quelqu’un de meilleur quand on a eu du plaisir.

Il n’y a pas d’art plus grand que celui de vivre.

Le mal trouve toujours son origine dans l’esprit.

Aucune jouissance n’approche celle que procure le gobelet d’eau quand on crève de soif.

Quand on cesse d’avoir faim, cela s’appelle satiété. Quand on cesse d’être fatigué, cela s’appelle repos. Quand on cesse de souffrir, cela s’appelle réconfort. Cesser d’avoir soif ne s’appelle pas.

Le sens de la vie, c’est de ne pas souffrir.

L’amour de Dieu, c’est l’eau qui n’étanche jamais. Plus on boit, plus on a soif. Enfin une jouissance qui ne diminue pas le désir.

Si vous voulez aimer comme au premier jour, c’est la présence qu’il faut cultiver.

Ivre, je l’étais ce soir-là, et cette ivresse était sainte. Avant l’incarnation, je n’avais pas de poids. Le paradoxe, c’est qu’il faut peser pour connaître la légèreté. L’ébriété délivre de la pesanteur et donne l’impression que l’on va s’envoler. L’esprit ne vole pas, il se déplace sans obstacle, c’est très différent.

Ne pas divulguer une information vraie, ce n’est pas mentir.

Si on se rendait compte, on ne choisirait pas de vivre.

La langue dans sa sagesse a compris qu’il ne fallait pas créer d’antonyme à la soif. On peut étancher la soif et pourtant le mot étanchement n’existe pas.

Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques. Ils se trompent. Il suffit d’avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut. Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau, c’est Dieu.

Quand quelqu’un meurt, c’est fou ce qu’on pense à lui. Pour beaucoup de gens, c’est carrément le seul moment où l’on pense à eux.

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Le cinquième évangile ?

Qui aurait cru que la célèbre Amélie Nothomb allait réécrire l’évangile à sa façon ? Dans cette œuvre littéraire, elle se met à la place de Jésus Christ, à qui, elle prête sa voix tout au long de ce roman : « Soif ». Cette réécriture de l’évangile à la façon d’Amélie Nothomb est un peu osée. De nombreux personnages des évangiles défilent. Comme Judas : « ce garçon maigre et sombre […] cet homme me trahirait », Simon de Cyrène, cet individu réquisitionné pour l’aider à porter la croix de bois : « je découvre que j’ai un ami », ou encore, Jean, son fidèle disciple  : « Je sais que l’écoute de Jean est amour et me bouleverse. » … Sans oublier, la fameuse Marie-Madeleine, sa bien-aimée : « voir mon amoureuse m’émeut ». Que pouvait-il bien se passer dans la tête de Jésus Christ lors de ses derniers jours ? Ses dernières pensées ? Ses derniers souvenirs… ? Cet homme fera alors l’expérience de la solitude au fond de sa cellule et repensera à sa vie d’avant, en attendant sa sentence, qui se déroulera dès le lendemain.

De sa plume inimitable, et, son style irrévérencieux, Amélie Nothomb va nous surprendre tout au long de son roman. Elle s’inspire d’un sujet périlleux, en progressant à une réécriture des évangiles, et surtout, à la première personne du singulier ! Toutefois, cette œuvre littéraire nous évoque de profondes pensées que peut ressentir Jésus ou encore de la vie sentimentale de celui-ci, auprès de Marie-Madeleine … Cet amour si passionnel, si fusionnel et si mystérieux à la fois, nous montre une seconde facette de Jésus Christ selon Amélie Nothomb… Comment un homme ne pourrait pas éprouver la passion du corps, si celui-ci, est censé n’avoir jamais eu de relations charnelles avec une femme ?

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