Autoportrait
Édouard Levé

P.O.L
formatpoche
septembre 2013
96 p.  7 €
ebook avec DRM 4,99 €
 
 
 
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Vertige de la liste *

J’ai découvert Édouard Levé en 2012, à l’occasion d’une exposition au Musée d’Art Contemporain de Marseille consacrée à son travail photographique.

Pour son Autoportrait, il procède par accumulation de propositions, le plus souvent sans transition ni continuité entre elles. L’exercice est des plus périlleux. On pense au Je me souviens de Perec. Et ce n’est pas pour rien que l’oulipien est évoqué dès la première ligne du texte. On imagine la complexité que représente le montage, au sens cinématographique du terme, d’une telle œuvre.

Édouard Levé y montre un sens du rythme et du contre-pied redoutable et terriblement efficace. À la manière d’un pointilliste, se dessine effectivement au fil de la lecture le portrait d’un auteur troublant, attachant, sensible, déroutant et talentueux. Cette litanie d’affirmations factuelles, parfois triviales, dénuées de tout pathos, de toute complaisance ou psychologie, me touche d’une manière délicieusement mystérieuse.

… « Comme je suis drôle, on me croit heureux. »

« Dans ma bouche, le temps du bonbon est lent. »

« Je suis contre le crépi. »

« Je ne suis pas certain de pouvoir servir d’exemple à la jeunesse. »

« Je n’ai pas souvenir d’une messe qui ne m’ait ennuyé. »

« Je mange trois fois par jour. » , etc., etc., etc…

On sort de cette lecture tout à la fois bousculé et interloqué, mais avec la certitude d’avoir rencontré quelqu’un, un écrivain.

*Le titre de cet article est emprunté à Umberto Eco.

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