Faire mouche
Vincent Almendros

Les Editions de Minuit
romans
janvier 2018
126 p.  11,50 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
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coup de coeur

Sans fioritures

Faire mouche est la formule qui convient à ce livre qui représente bien les Edts de Minuit. Roman très court, sans fioritures, dans le même esprit que les 2 précédents: droit au but.
Un jeune homme se rend en province au mariage de sa cousine, il devra donc revoir sa mère, son oncle, ce qui semble une épreuve pour lui. Il vient accompagné de son amie Constance que dans l’intimité il appelle Claire…
L’écriture n’est pas spécialement travaillée, et pourtant on tourne les pages fébrilement tant une sorte d’angoisse monte à chaque page.
En fait, la seule frustration est qu’en 1 heure ce livre est dévoré.

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coup de coeur

Voici une nouvelle pépite de la rentrée littéraire de janvier : je vous le dis tout net, ce roman proche d’un thriller est impossible à lâcher : vous allez être happé par la voix du narrateur Laurent Malèvre. Qui est Laurent ? « Un homme sans histoire », comme il se présente dès la première page, enfin, « jusque là » corrige-t-il très vite. C’est un jeune homme que le lecteur découvre petit à petit au détour d’une conversation, d’un silence gêné, d’un geste maladroit, d’un regard posé sur les gens et les choses (tout est décrit de son point de vue).
C’est aussi une famille qui se dévoile peu à peu, celle de Laurent : sa mère qu’il n’a pas revue depuis fort longtemps et qui l’accueille en lui disant « Tiens ? Un revenant. » et l’on sent qu’il y a comme un mystère derrière tout ça, des secrets, mais quoi précisément ? Chacun s’observe, s’épie, s’évite On ne cesse de s’interroger tout au long de la lecture, d’émettre des hypothèses, de tenter de rassembler les pièces du puzzle familial.
L’ambiance est pesante, oppressante, le suspense omniprésent. Chaque page apporte son lot de malaise. On est comme embarqué dans quelque chose que l’on maîtrise mal. J’ai tourné les pages la gorge serrée, me demandant ce que j’allais découvrir à la page suivante.
Laurent n’a visiblement pas envie de retrouver ce qui reste de sa petite famille qu’il va revoir au mariage de sa cousine. En attendant, il doit, tout à fait à contrecoeur, retourner dans le village où il a passé une partie de son enfance. On est au bout du monde, à Saint-Fourneau, un trou paumé.
Claire, la future femme de Laurent, est présentée à la famille sous le nom de Constance : « Je lui désignais Claire de la main. Je te présente Constance. » dit Laurent à son oncle venu les accueillir. Le mystère s’épaissit encore.
L’atmosphère va être de plus en plus irrespirable, suffocante (au sens propre aussi car c’est un mois d’août étouffant), on sent les tensions, les non-dits, le malaise de plus en plus palpable de Laurent tandis que les mouches mortes jonchent le parquet ou se débattent collées à un rouleau de papier suspendu en l’air.
L’écriture s’attache aux moindres détails, les descriptions sont précises, minutieuses, très cinématographiques. Elles créent une tension terrible. Franchement c’est un texte très fort, on se sent comme pris au piège dans quelque chose de malsain dont on devine progressivement les contours.
Et quelle fin ! J’en suis restée le souffle coupé ! Impressionnant !
A lire absolument !

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« Tout va bien, exagérai-je. »

Je découvre l’auteur par ce texte, qui m’a attirée par sa 4° de couv, mystérieuse à souhait :

« À défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s’étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J’allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin, ceux qui restaient.
Mais soyons honnête, le problème n’était pas là. »

Non, le problème n’est en effet pas là, mais il faudra les 127 pages du roman – et sa chute, excellente – pour redéployer notre regard sur ce qu’on vient de lire. En attendant, toute notre attention est captive dans ce retour au village de Laurent, à l’occasion du mariage – tardif – de sa seule et unique cousine. Un hameau d’Auvergne, où ne subsistent plus qu’une poignée d’autochtones. Laurent qui revient à reculons, accompagné de Claire qui fut sa coloc, se faisant passer pour Constance, sa compagne… les descriptions sont minutieuses et l’effet est spectaculaire : on s’y voit complètement. Superbement bien écrit, ce court roman est riche et prenant.

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