Hadamar
Oriane Jeancourt Galignani

Grasset
janvier 2017
288 p.  19 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Je viens de lire ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs du Var. Je dois avouer que de moi-même, je n’aurais pas été attirée par ce livre.

Cet ouvrage se base sur des faits historiques. Hadamar est une petite ville d’Allemagne dont l’hôpital psychiatrique a servi de lieu d’extermination par les nazis.

Franz était journaliste. Il a tenté de dénoncer dans ses articles les agissements des nazis. Ce qui lui a valu d’être déporté à Dachau. A la libération du camp, il se rend à Hadamar, petite ville proche de celle où il demeurait auparavant avec son jeune fils Kasper. Franz espère le retrouver vivant après sa longue absence.

L’ambiance qui règne dans la ville est particulière : les américains y ont installé une base, la plupart des habitants semblent se cacher. Franz, après sa rencontre avec le commandant Wilson, va découvrir quelles horreurs ont été perpétrées entre les murs de l’hôpital.

En échange de renseignements sur l’endroit où se trouve Kasper, Franz va accepter d’aider le commandant Wilson à retrouver l’ancien directeur de l’établissement et des membres du personnel afin qu’un procès puisse avoir lieu.

Ce qui sera mis à jour pendant ce procès fait froid dans le dos : entre janvier et août 1941 10.072 personnes sont mortes dans la chambre à gaz de l’hôpital : malades et handicapés physiques ou mentaux (les « Inutiles ») et les juifs.

Ce qui est terrifiant, c’est la méthode, la rigueur voire le zèle avec lesquels le personnel a obéi aux ordres et effectué ce « sinistre travail ».

» Cette obstination chez l’Allemand le fait frémir ce soir. Ils ne lâchent rien. Ils sont ainsi dans ce pays. Un peuple d’obstinés. Ils n’ont rien lâché à Hadamar. Pour atteindre les objectifs, ils se sont dépassés, ils se sont battus à mort. Et puis ils ont bu. Pour fêter ça. En bas, parmi les corps. »

Le directeur de l’hôpital avait même envoyé un courrier stipulant que : « pour identifier les malades, nous vous demandons d’écrire le nom et le prénom de chacun d’entre eux entre les omoplates à l’encre bleue à même la peau avant qu’elle ne soit brûlée. Et pour les patients aux noms communs, par exemple Schmidt, Meyer, Müller, d’ajouter la date de naissance sur la peau. »

Si Franz est heureux d’avoir retrouvé son fils, une question le taraude : dans la mesure où Kasper a été hébergé par l’hôpital, celui-ci a t-il participé à ces horreurs et si oui à quel titre ?

J’ai mentionné au début de cette chronique que je n’aurais pas lu ce roman de moi-même mais je suis contente de l’avoir fait car au-delà de l’horreur des faits, l’auteure traite d’une façon remarquable ce qui s’est passé en Allemagne après la guerre, comment ses habitants ont dû « laver leur linge sale » avant de pouvoir à nouveau cohabiter et réapprendre à vivre ensemble.

Ce roman est triste mais puissant.

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