La cuisine cannibale
Roland Topor

WOMBAT EDITIONS
poche
octobre 2016
128 p.  6,50 €
ebook avec DRM 4,49 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

A table !

Avec cet opuscule tordant qu’est « La cuisine cannibale », Topor se colle aux fourneaux pour nous convier à manger notre prochain. Qu’il soit facteur, concierge ou garagiste, nous dit-il, puisque « l’homme est le meilleur aliment de l’homme ». Réjouissons-nous donc : l’humanité est comestible, tout tient à son assaisonnement. Topor, en grand seigneur, nous dévoile quelques-unes de ses recettes, comme l’art de préparer un maître d’hôtel (videz-le entièrement), une tête de patron (servez-la avec de la purée), une raie (enlevez tous les poils), un missionnaire (hachez-le avec des oignons), un bébé (rôtissez-le au beurre), un garde-chasse (flambez-le au Madère), un automobiliste accidenté (préparez-le en fricassée), etc… Ceux qui ne verraient dans ce fascicule gourmand qu’un simple encouragement à la goinfrerie se tromperaient, car le recueil se nuance de considérations diététiques : on préférera un sujet fumeur, souvent plus sain et au goût plus fin, qu’un non-fumeur, un sujet élevé à la campagne plutôt qu’à la ville, un sujet féminin à un masculin. Mais bref, si on affirme, avec Brillat-Savarin, que « la découverte d’un nouveau mets fait plus pour le genre humain que la découverte d’une étoile », alors convenons ensemble que Topor nous invite ici à découvrir une galaxie. Balland publia ces délices de l’anthropophagie voici près d’un demi-siècle. Les éditions Wombat ont l’idée succulente de ressusciter aujourd’hui, avec des dessins de l’auteur, ce manuel de gastronomie humaine, totalement incongru et désopilant. A table !

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