Les rêveurs
Isabelle Carré

Grasset
litterature fra
janvier 2018
304 p.  20 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
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Souvenirs d’enfance

J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque, pour peut-être quitter l’idée qu’un artisan n’ est capable de se sublimer que dans sa matière de prédilection.
Et puis, le roman d’I.Carré est récompensé de toutes parts.
C’est comme si « biographie » était écrit quelque part dans le lointain, et que pour la rendre plus visible,venaient s’y greffer des instants imaginaires, romanesques. Ce qui donne un livre très agréable à lire. Pudiques ,les souvenirs s’égrènent, les douleurs d’enfance dans une famille pour le moins originale, voire bancale. Parfois impudiques aussi quand il s’agit de la vie des parents de l’auteur (que peut-on affirmer des épisodes de la vie de ses proches,quand on est tout petit, sinon un ressenti ?)
La jeune femme se dévoile, sort du papier glacé dans lequel on enferme les people. Il est vrai que cette merveilleuse comédienne ne fait pas parler d’elle, sinon de par sa belle carrière.
Malheureusement, je reste persuadée qu’un écrivain est fait pour écrire, et une actrice pour interpréter des textes.

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Une belle plume.

La vie d’Isabelle Carré a certainement davantage occupé les médias depuis la parution de son livre que durant le reste de sa carrière.

Car, mise à part son talent qui fait l’unanimité dans le milieu du cinéma et auprès du public, on savait bien peu de chose sur la vie privée de l’une des actrices les plus discrètes du cinéma français.

En refermant ce livre, que l’on qualifie de roman, mais qui est davantage une autobiographie, je me pose la question des motivations qui ont poussé Isabelle Carré à lever le voile sur sa personnalité.
Besoin de se livrer pour se sortir d’un passé douloureux et encombrant où envie de pénétrer « en littérature » ?
Qu’importe au fond, même si pour ma part, j’aimerais bien retrouver cette plume délicate et élégante dans une histoire de pure fiction.

Mais, patience. Je reviens donc à ces rêveurs qui ont façonné la jeune femme.
Avec une grande franchise, oubliant toute chronologie, Isabelle Carré évoque avec pudeur son enfance, puis son adolescence au sein d’une famille post-soixante-huitarde.
Avec délicatesse, elle évoque cette mère fragile, pour laquelle, la moindre action devient un combat.
Son père mettra des années à s’accepter tel qu’il est et à s’assumer.

Elle-même nous confie ses angoisses existentielles, ses rêves contrariés qui l’ont conduite à faire une tentative de suicide. Révélant cette part d’ombre présente en chacun, qu’elle dissimule au quotidien sous un sourire.
J’ai beaucoup aimé ce texte particulièrement touchant, teinté d’une certaine nostalgie.

A bientôt, Isabelle, au cinéma et je l’espère en librairie.

Merci aux Editions Grasset et à NetGalley.

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coup de coeur

Blessures et cicatrices

Une mère à la folie insupportable, un père qui tient plus que tout aux apparences. Un petit studio près de la clinique, loin de l’univers bourgeois de sa famille qui l’a rejetée. Il ne faut pas que ses amies l’a voie, et surtout qu’elle signe bien le papier avant l’accouchement, une famille pourra accueillir son bébé.

Il est étudiant aux beaux-arts, il parle beaucoup, avec passion, il vient d’un milieu opposé au sien. Dès qu’il l’a voit, il lui trouve une grâce différente, elle capte toute la lumière, mais semble si lointaine, comme si elle ne fait que passer. Il l’aime telle qu’elle est, lui propose de garder l’enfant, d’en devenir le père.

Une maman qui s’est approchée plusieurs fois du bonheur, mais à peine entrevu, il s’échappe déjà, imperceptiblement elle quitte la partie, ses yeux se perdent dans le vague, hésite sur les mots, ne terminent pas ses phrases.

Une adolescente qui veut vivre avec des parents classiques dans une famille classique et non pas dans une famille bordélique.Une chambre d’hôpital, une perfusion, un lavage d’estomac, une tentative de suicide à 14 ans.
Les souvenirs d’enfance s’égrainent dans l’insouciance, les jeux, les rires, les courses dans l’appartement, les feux dans la cheminée, le piano et le voisin qui se plaint, voler des fleurs dans un cimetière, les expositions à Beaubourg.

L’écriture est légère et fluide, mais le récit se fait plus grave quand Isabelle Carré évoque la séparation douloureuse de ses parents et son envie d’habiter une zone neutre, l’homosexualité de son père et sa maman, privée de tendresse depuis son enfance qui plus tard sculptera des femmes sans bras.

Isabelle est une personne discrète et lumineuse, une actrice connue que personne ne connait réellement, dans ce récit qui ne respecte aucune chronologie, dans ce désordre à l’image de sa vie, elle nous livre avec toute sa générosité et sa fragilité ses blessures et ses cicatrices, un premier roman autobiographique émouvant.

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