Les vérités provisoires
Arnaud Dudek

Alma Editeur
février 2017
184 p.  16,50 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Les méandres de Jules

« On est sans nouvelles de Céline Carenti, une étudiante âgée de vingt-deux ans. »
Céline a disparu depuis deux ans, faute de nouvelles pistes, les dossiers s’entassant, les recherches ont été abandonnées. Jules, son frère s’installe dans l’appartement, s’y enferme comme dans une coquille, pour chercher, essayer de savoir.
Jules ? Un être inadapté, perpétuel étudiant, menteur patenté, mais pas pour faire le bravache, non, par faiblesse, par gentillesse, pour mieux vivre ou rêver sa vie. Sa vie est une esquive perpétuelle.
« Le garçon a longtemps posé problème. Son comportement, sa timidité, ses mensonges, ça ne faisait pas rire. On a frôlé le psychothérapeute. Mais on a fini par se convaincre que mieux valait ce genre de crise d’adolescence que pas d’adolescence du tout. »
Jules semble être un ventre mou et l’appartement devient sa carapace. Il se cache tellement que c’est le narrateur, donc l’auteur, qui décrit les scènes.

Qui sait si, à force de fouiller dans les affaires de sa sœur, d’enquêter sur sa vie avant la disparition, il ne se trouvera pas lui-même, d’autant qu’une jeune et jolie voisine répondant au doux nom de Bérénice, entre dans sa vie et qu’un industriel allemand, amant de sa sœur, lui offre une béquille.
Le regard tendrement ironique qu’Arnaud Dudek pose sur Jules me le rend sympathique, malgré des défauts rédhibitoires pour moi.
Bien calée sur mes oreillers, je regarde avec le narrateur évoluer Jules, je l’admire de ne pas s’empêtrer dans ses mensonges grâce à une mémoire prodigieuse, je le suis dans les méandres de son aventure avec Bérénice. Je le vois évoluer doucement vers un retour à la « vraie vie » avec beaucoup moins de mensonges, vivre avec ses souvenirs et, enfin, regarder plus loin.
Les vérités sont provisoires, mais la vie est une permanence.
Alma offre un catalogue d’auteurs qui, sans faire trop de bruits, tracent une belle route.

Arnaud Dubek, je fus séduite par Rester sage et là, je confirme, votre univers me plait.

je vous remercie de m’avoir proposé votre livre. J’ai souri en lisant votre adorable dédicace. Je ne l’avais pas vu en recevant le livre car je savais que, si je l’ouvrais, je ne pourrai le refermer avant d’en avoir terminé la lecture. Voyez que te temps à autre, je puis être sage !

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Quelque chose de Souchon

« Une étude récente a montré que les êtres humains mentent en moyenne six fois par jour. Disons que, dans ce domaine, Jules n’est pas du tout dans la moyenne. Il aurait tendance, plutôt, à crever le plafond. »

Un drôle de type, ce Jules Carenti. Doué d’une mémoire proprement prodigieuse, il est aussi menteur comme pas deux et un petit peu perdu dans la vie. Sa soeur ayant disparu depuis deux ans, il s’installe dans son appartement et arrête tout : il ne mange plus (sinon du thon en boite et des biscuits à la fraise, de loin en loin), dort à peine et ne va plus en cours. L’absence de Céline est un gouffre dont il mesure mal les contours. Mais la vie a ses façons de se faufiler même dans les plus grandes tristesses… Qui n’a pas encore fait connaissance avec la plume désinvolte d’Arnaud Dudek ferait un très bon choix en commençant par ce roman. Qui a lu « Rester sage » (mon préféré, et le premier), « Les fuyants » ou « Une plage au Pôle Nord » retrouvera ici un identique plaisir de lecture, le confort de se laisser prendre par la main par un auteur dont la tendresse et la bienveillance envers son histoire et ses personnages ne cesse de nous réconforter. Jolie surprise en plus avec un jeu typographique très réussi.

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