Philothérapie
Eliette Abecassis

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fiction francaise
mai 2016
316 p.  7,80 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un voyage amoureux et philosophique

Le cœur d’Éliette Abécassis a toujours balancé entre philosophie et littérature. Avec ce dix-neuvième roman, cette normalienne, agrégée de philo, revient à ses premières amours. Et fait justement de l’amour le thème du voyage aux frontières du réel et du virtuel auquel elle nous invite.

Décidément, Internet n’en finit plus d’inspirer les romanciers. Après Camille Laurens qui nous a prouvé avec son roman si réussi, « Celle que vous croyez », qu’elle maîtrise parfaitement le fonctionnement de Facebook, Éliette Abécassis tisse à son tour son intrigue sur la Toile.

Lassée d’enchaîner les Roméos, plus décevants les uns que les autres, désolée de multiplier les histoires dans lesquelles elle s’enivre avant de finir par se noyer, Juliette a pris une (bonne?) résolution: se guérir de l’amour. Pour y parvenir, elle a recours à une méthode pour le moins étonnante, que ne préconisent pas encore les magazines féminins, elle décide de suivre une « philothérapie ». C’est grâce à la philosophie, la découverte de ses auteurs et l’apprentissage de ses concepts qu’elle compte se soigner de ce qu’elle ne considère plus que comme une illusion mensongère. Puisqu’elle voyage beaucoup et  passe sa vie sur son ordinateur, Juliette s’inscrit à des cours de philosophie sur Internet, qu’elle suit par « Skype »  avec un certain Jean-Luc Constant. Comme elle, vous succomberez à coup sûr aus charmes de cet étrange professeur 2.0, qui convoque Platon, Lévinas, Lacan ou Kierkegaard pour parler de désir, de passion et de trahison.

Cette comédie enlevée ne manque ni d’intelligence, ni de suspense. Éliette Abécassis s’amuse à rejouer les plus belles scènes d’amour de la littérature (en transplantant par exemple dans une salle de cinéma la scène du balcon de « Cyrano de Bergerac »). Comme ceux de Marivaux, dans « Le Jeu de l’amour et du hasard », ses personnages portent tous des masques. Juliette, qui se fait passer pour Silvia auprès de son ancien amant, n’imagine pas un instant, que son professeur de philosophie n’est peut-être pas non plus celui qu’il prétend être. Un roman atypique qui prouve qu’aimer, c’est philosopher !

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