Tangvald
Olivier Kemeid

Gaïa
août 2017
224 p.
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
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INVITATION AU VOYAGE

Merci à Ariane de la librairie TULITU spécialiste en lectures québécoises de m’avoir proposé ce premier roman de la rentrée littéraire en préparation à Québec en novembre. C’est la rencontre d’une personnalité et un voyage extraordinaire que je vous propose.

Per Tangvald est né en Norvège. Très jeune il apprend à naviguer presque par hasard. Après la guerre, Per qui très vite prendra le prénom de Peter quitte tout pour les Etats-Unis. Il travaillera dans une usine de moules à outils pour vivre. Quelle ne sera sa surprise lorsque ses parents le rejoindront pour créer « Tangvald & fils, moulages et compagnie manufacturière ». Mais Peter ne tient pas en place. Il prend la mer, rencontre Edward Allcard (architecte naval et marin de légende) qui deviendra son ami.

En 1957, une course de voiles le conduit le premier aux Antilles. L’appel du large est trop fort, il deviendra circumnavigateur. Liant l’alimentaire au vital, il s’installera pour vivre son rêve à Cayenne pour construire seul son voilier « L’Artémis de Pytheas » qui l’emmènera avec Simonne faire le tour du monde.

Peter Tangvald c’est aussi le Casanova des mers, 8 femmes – les 8 chapitres – marqueront sa vie. J’ai beaucoup aimé la dévotion de Simonne qui partagera dix ans de sa vie et naviguera avec lui.

La santé fragile de Tangvald, son inconscience à braver les éléments, les tempêtes, les pirates ne l’empêchent pas de vivre à fond, d’être épris de liberté au prix de sa vie. C’est un Tangvald toujours amoureux de femmes très jeunes, déchiré par les tragédies et la perte de deux de ses amours en pleine mer, d’un père lié au destin de son fils Thomas à qui il voue un amour sans concession que nous propose de rencontrer Olivier Kemeid.

Un lien très fort l’unissant à Thomas, le fils rencontré par l’auteur lorsqu’il avait 10 ans en avril 1986 dans la baie de Boqueron. Ce premier roman lui est dédié.

Quel voyage les amis, quel beau voyage à travers le monde. Un récit picaresque reconstitué par le journal que tenait l’auteur mais aussi grâce aux deux livres publiés par Peter « Sea Gipsy » et « At any cost : love, life and death at sea » publié par Per Tangvald. (Les liens en cliquant sur les couvertures en dessous de l’article).

Partez à la découverte de ce circumnavigateur hors du commun pour qui la soif de liberté a mené à la mort.

Les phrases sont parfois kilométriques comme les distances parcourues mais très belles. J’ai appris beaucoup de choses. J’ai également apprécié les digressions qui m’ont appris beaucoup de choses et donné envie d’en apprendre plus.

Un récit passionnant que je vous recommande vivement.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

… Assez vite il met le grappin sur un voilier de 32 pieds, le Dorothea,qui précise Tangvald n’était pas la plus belle des embarcations mais reprécise-t-il, il en va des embarcations comme des femmes, la plus belle ne fera pas nécessairement la meilleure, ce qui vous donne une idée de son rapport aux femmes, et aux bateaux aussi.

… il ne faut jamais aider les fous dans leur folie, tout au plus peut-on acquiescer gentiment, hum, oui oui, surtout ne pas contrarier, mais ne rien faire non plus.

…mais ne sommes-nous pas en quelque sorte tous condamnés à l’errance perpétuelle, seul diffère le moyen de transport, …

… je suis le seul maître à bord après Dieu et comme Dieu est mort je suis le seul maître point final …

Que fait-on au paradis ? C’est un peu la question que se posent Peter et Simonne après quelque temps passé à Tahiti, d’autant plus que le soi-disant climat paradisiaque des îles du Sud commence à leur tomber sur les nerfs – il y a sans cesse un embêtement au paradis, un serpent qui vient vous emmerder, une femme de mauvaise vie qui vous propose de croquer dans une pomme, on dirait que l’éden attire des gens peu recommandables, tout le monde veut souiller les lieux des délices, tandis qu’en enfer, nous devons au moins nous en consoler, plus de souillure possible, ça calme les énervés, tous sont d’accord pour détester leur environnement, il y a une solidarité des ébranlés, oui les concerts les plus harmonieux des voix humaines se retrouvent dans la litanie des gémissements et non dans les odes à la joie.

Peter a un dicton formidable : s’il avait le temps, un homme seul pourrait construire les pyramides.

Rrtrouvez Nathalie sur son blog 

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