Trop tôt
Jo Witek

Talents Hauts Editions
ego
avril 2015
96 p.  8 €
 
 
 
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Un roman d’une infinie justesse

Trop tôt pour attendre un enfant, toujours le moment d’avoir un coup de coeur. Trop tôt pour tout savoir, toujours le moment de découvrir. Trop tôt pour contrôler, toujours le moment de désirer. Trop tôt pour raisonner, toujours le moment de rêver. À quinze ans, il est toujours trop tôt mais… l’enfance s’éloigne, le monde des adultes tend les bras, on est sans cesse en colère, on aimerait changer les choses, quand on aime c’est à la folie, quand on hait c’est idem. On se sent géante, invulnérable. On se trouve belle et moche tour à tour, on aime la vie puis on la déteste. On ne supporte pas ses parents et leurs interdits. On imagine le grand amour, la douceur des caresses, la beauté de l’instant. On est bavard puis on se mure dans le silence. On écoute mais on fait comme bon nous semble. Et la séduction, l’attirance, le désir, la tentation, la soif de connaître, l’éveil à la sensualité… toutes les sensations émanent du corps, il y a plus de place pour la raison.
Quand Pia, quinze ans, en vacances avec ses parents et sa cousine Marthe, aperçoit Nathan dans une discothèque un déferlement d’émotions jaillit en elle. Le couple échange quelques mots puis sans attendre s’enlace sur la plage. Le cadre est idyllique, Nathan est beau, Pia se sent jolie, désirable. C’est la découverte de sensations insoupçonnées, d’une joie intense. Elle a l’impression de voler. Moment inoubliable.
Le lendemain, elle part naturellement en quête du jeune homme, qui la repousse sans ménagement dès qu’il la voit. Premier choc. La déception est aussi grande que le bonheur éprouvé la veille. Des semaines après, des nausées et une grande tristesse déstabilisent son quotidien. Elle est enceinte. Second choc. Double peine.
Un roman d’une infinie justesse. Dès les premiers mots, le lecteur entre en empathie avec Pia : ses pensées sur ce qu’elle vit au jour le jour sont d’une profondeur bouleversante. Pas de pathos, pas de jugement, pas de dissimulation, des sentiments véritables. Sans fard, l’auteure parle du désir sexuel de cette adolescente, puis de son cheminement personnel jalonné de réflexions intérieures, de dialogues avec des jeunes gens de son âge et ses parents, d’informations, et enfin de sa décision parfaitement mesurée.
Il était trop tôt, mais la route déroule son ruban plein de promesses. Les mots de la fin par Pia : «  J’aime la violence du vent mouillé sur mon visage. Je sens ma peur, ma détermination, ma dignité aussi, face à cet hôpital. Je n’ai plus envie de baisser les yeux. C’est mon histoire, j’en suis l’auteure, le personnage principal et je l’écris comme je l’entends. C’est ce que je veux faire aujourd’hui, demain, jusqu’à la fin. Libre à ceux que mon histoire dérange de ne pas la lire. »
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