Marcel Cohen
Folio
mars 2013
160 p.  6,90 €
ebook avec DRM 6,49 €
 
 
 
Marie-Laure Delorme

 

Marie-Laure Delorme (Le Journal du dimanche) a aimé
« Sur la scène intérieure » de Marcel Cohen (Gallimard)

 « Chaque chapitre de ce livre est consacré à un des huit membres de la famille de Marcel Cohen qui a été déportée à Auschwitz entre 1943 et 1944: père, mère, sœur, grands-parents, oncles et grand-tante. De sa sœur, Monique, qui avait six mois lorsqu’elle a disparu, il ne reste qu’un extrait de naissance et un nom sur une tombe. A l’époque de l’arrestation, Marcel Cohen avait cinq ans. Il y a une scène très forte: il est allé jouer au parc Monceau avec sa nounou, Annette, et lorsqu’il rentre à la maison, il voit sa famille monter dans un camion. Resté seul, il passera la guerre avec Annette qui le cachera. Ses parents étaient nés à Istanbul, s’étaient rencontrés en France et avaient grandi dans l’amour de ce pays qui s’était battu pour le capitaine Dreyfus. Marcel Cohen n’a bien sûr que très peu d’éléments de cette époque, mais il a décidé de ne pas remplir les blancs. Grâce à un objet, une eau de cologne, une rue, il restitue la trajectoire des membres de sa famille. C’est ténu, le style est dépouillé et le regard qu’il porte sur eux est magnifique. Il a fait le choix de l’humilité, de la vérité, il a préféré dire peu de choses, mais tout est vrai. Les gens se singularisent par des détails. Il y a par exemple beaucoup de passages sur les odeurs. Le fait de donner vie aux siens avec aussi peu d’éléments est très bouleversant… Dans ce livre, c’est à la fois l’enfant de cinq ans qui prend la parole, alors le texte est en italique, l’adulte qui enquête auprès des survivants, ou l’écrivain refusant d’avoir recours à la fiction pour combler les lacunes. Et c’est dans les failles de ce récit que le lecteur et l’auteur se rencontrent. »

 
 
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