Gaëlle Nohant
Grasset
janvier 2020
382 p.  22 €
 
 
 

l e   c  r  i  t  i  q  u  e   i  n  v  i  t  é 

Bernard Lehut (RTL) a choisi «La femme révélée» de Gaëlle Nohant chez Grasset

« Attention voici de la graine de best-seller, un livre admirable en tous points et né sous une bonne étoile, avec pour commencer ce superbe portrait de femme en couverture signé Saul Leiter. Il y a ensuite l’intrigue ample, puissante et bouleversante, puis l’écriture irréprochable. Oui, le roman de Gaëlle Nohant met en scène la plus belle des héroïnes de ce mois de janvier. L’auteure confirme magistralement sa capacité d’aborder des thèmes universels, à travers des personnages et des destins singuliers sur un fond passionnant de grande histoire. Une Américaine, Eliza Donnelley, mariée, mère d’un petit garçon, a tout pour être heureuse dans ce début des années cinquante à Chicago. Appartenant à la bourgeoisie blanche et progressiste, elle est cependant scandalisée par la ségrégation qui frappe encore les Noirs. Pourquoi la découvre-t-on au début du roman à Paris, dans un hôtel de passe, sans le sou, seule et sous un faux nom, Violet Lee, avec pour seule bagage, un Rolleiflex ? Que s’est-il passé pour qu’elle fuie son pays et laisse son fils ? Gaëlle Nohant tournait depuis longtemps autour du thème de l’abandon, elle en donne ici une remarquable illustration romanesque. L’auteure de « La part des flammes » évoque avec sensibilité et justesse le double exil, géographique et sentimental, de son héroïne. Elle peint aussi avec talent le Paris de l’après-guerre, en particulier Saint-Germain-des-Prés où se côtoient artistes et marginaux. Eliza les immortalise en les photographiant, sa passion de toujours. Les années parisiennes seront pour le personnage de Gaëlle Nohant celles d’une indépendance nouvelle, de la liberté et de l’amour pour deux hommes, l’énigmatique Sam et le jazzman noir Horacio.

 Mais la vie d’Eliza reste tendue vers un seul espoir : retrouver son fils. Ce jour arrive enfin, des années plus tard, en 1968. Retour à Chicago : autre lieu, autre temps, tout aussi bien restitués que précédemment le Paris des années 50. La ville est en ébullition ! Les Noirs luttent pour leurs droits civiques, les étudiants manifestent contre la guerre du Vietnam, Martin Luther King et Robert Kennedy viennent d’être assassinés. Eliza tente de renouer avec son fils, devenu un adulte engagé dans les combats de son époque, à qui on a fait croire qu’elle était morte. Dans un final intense et éblouissant, la femme si longtemps déchirée entre deux pays, entre la nécessité et la culpabilité d’avoir fui, parviendra au terme du chemin qui fera d’elle une femme magnifiquement révélée. »

Propos recueillis par Pascale Frey
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