Marguerite Duras
Gallimard
folio
juin 1977
427 p.  9,10 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 

librairenoirmoutier-1000
illustration Brigitte Lannaud Levy

 

Ici le charme est de mise. Sur l’île de Noirmoutier à deux pas du château, vous découvrez dans un ancien couvent d’Ursuline une librairie-café ouverte toute l’année. Une véritable gageure, pour deux passeurs, deux « tisseurs de lien » tels qu’ils se définissent : Vincent Hirou et Bénédicte Deprez. L’adage de la maison s’inspire de Marcel Proust « La lecture, c’est une amitié ». Et ils mettent tout en œuvre pour faire vivre cet esprit, avec même un studio au dessus de la librairie qui permet d’accueillir des auteurs en résidence.  Pour eux deux, leur enseigne doit être avant tout « un lieu où on cause ». Pour ces deux libraires qui exerçaient auparavant leur métier à Cassis, il faut toujours partir des gens et non des livres pour viser juste.  Délivrer un conseil de lecture  adapté, c’est dans la proximité et non dans l’immédiateté que ça se joue. Il faut parfois tenter des choses, essayer et donner à ses lecteurs le droit de ne pas aimer et d’en débattre. Chacun cherche son livre et doit pouvoir le trouver ici accompagné d’un gâteau fait maison et d’une bonne tasse de thé .

Quel est votre coup de cœur de cet automne ?
« L’archipel d’une autre vie » d’Andréï Makine (Éditions du Seuil). Dans cette histoire haletante de traque à mort d’une femme dans la Taïga, l’auteur sonde l’âme humaine dans toute sa barbarie avec une profonde justesse. Sa langue est superbe, il parvient toujours à trouver le mot au plus près des émotions.

Et du côté des étrangers ?
Audur Ava Ólafsdottir, « Le rouge vif de la Rhubarbe » (Zulma). C’est le premier roman de cette Islandaise qui a eu un succès phénoménal avec « Rosa Candida ». Une jeune handicapée réside dans un village en Islande accroché entre mer et montagne. Ce qui est très beau dans cette histoire, c’est la fraîcheur avec laquelle un sujet douloureux est abordé,  avec une sorte de décalage et une poésie loufoque irrésistible.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Avant que naisse la forêt »  de Jérôme Chantreau  (Éditions des Escales). Un jeune homme quitte sa banlieue quand sa mère décède et s’installe dans la maison de sa grand-mère. Il y retrouve un souffle de vie dans le rapport qu’il établit avec la forêt alentour. Le sujet principal n’est pas l’être humain, mais le lien que l’on peut avoir avec un lieu et  avec la forêt en particulier. C’est superbe.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec  ferveur ?
Nous avons toujours un petit Modiano sous la main. Mais notre roman culte est « Le marin de Gibraltar » de Marguerite Duras. Là on touche au sublime. C’est une magnifique histoire de voyage et d’amour que finalement peu de gens ont lue et que l’on peut conseiller avec joie sans risquer de décevoir.

À qui auriez-vous donné le prix Goncourt ?
À  « La succession » de Jean Paul Dubois (L’Olivier) ou à Catherine  Cusset pour « L’autre qu’on adorait » (Gallimard). À eux deux, ils ont tout de la littérature américaine et européenne réunies : l’amour du style tout en sachant très bien raconter les histoires.

Une brève de librairie 
Une femme est un jour rentrée avec son vélo. Stupéfaits nous lui avons demandé « Mais qu’est ce que vous faites avec votre vélo dans la librairie ? ». Et odieuse elle nous a répondu « Ben, je viens acheter des livres et je vais en acheter beaucoup » comme si ça lui donnait l’excuse et le droit de circuler de façon aussi incongrue dans la librairie. On était abasourdis de son aplomb et de sa mauvaise humeur réunis.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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1 bis rue du Grand Four
Noirmoutier
02 51 35 59 22

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