Dans les années 90, une jeune fille quitte l'Irlande pour faire des études d'art dramatique à Londres. Elle y découvre une ville bouillonnante, cosmopolite, vivifiante, tentatrice...l'heure est venue pour elle de se découvrir. Un roman dont l'écriture s'emballe au rythme des émotions...ce n'est pas de l'encre qui imprime les pages de ce roman, c'est le sang qui coule dans les veines, c'est un coeur qui bat !

Edith Thomas est l'une des voix claires et fortes de la littérature que les lecteurs ont perdue de vue. Une parole forte quant à la lutte des femmes pour leur identité, leur indépendance, leurs magnifiques fêlures…A (re)découvrir.

Ce premier roman puise dans la force immémoriale des contes. Nous retrouvons avec plaisir les grands motifs qui font les grandes histoires : la nature inhospitalière, les savoirs ancestraux, les légendes majestueuses, Eros...et bien sûr Thanatos !! La jeune plume de Laurine Roux semble forgée dans le marbre pour nous raconter cette histoire sans âge. Elle garde le cap et impose le respect.

C'est le récit d'une rencontre et le portrait d'une jeune femme dont le corps et le coeur ont été baillonnés par la peur. L'homme coquillage c'est celui qui insufflera le désir, de vivre, d'aimer, de croire en soi chez ce double de l'auteure. Ce roman (qui fut le premier, paru en 2006) met à jour Asli Erdogan, auteure pleine de ferveur et d'envie, chez qui l'écriture est le souffle de vie et de survie. A la fois onirique et sensuel, magnétique comme un soir d'orage, ce récit est de toute beauté.

Un Columbo des âmes ausculte la vie d'un village en déshérence... La langue de Patrick Da Silva vise haut et ne rate pas sa cible. Nous sortons du roman sonné, ébahi et convaincu d'avoir lu un beau morceau de littérature.

Naissance en direct d'un écrivain ! En racontant son parcours, Dominique Sigaud nous montre à quel point la naissance d'une langue à soi est liée farouchement à l'idée d'arrachement, d'émancipation. Et c'est peut-être dans cette liberté acquise par la langue, par l'écriture que l'on reconnaît un écrivain.

L'écriture au scalpel de Marie Redonnet fait de nouveau parler d'elle...et c'est tant mieux ! "Trio pour un monde égaré" est un roman tiraillé par les grandes contradictions contemporaines. Devant la violence, l'injustice, le contrôle des individus se dressent toujours des forces positives - aussi fugace soit-elle - pour préserver ce qui en nous est inaliénable. Marie Redonnet redonne à la littérature la force politique qu'elle a perdu peu à peu. Merci.

Un raz de marée, une île, deux adultes, neuf enfants, une barque suffisante pour huit personnes. Et la Mère qui murmure au Père « Qui vas tu laisser ? ». Sandrine Collette, avec ce sixième roman, nous plonge une nouvelle fois avec brio dans les tréfonds de l'âme humaine. Elle a l'art de jouer avec nos peurs, nos fantasmes, de nous emmener par le bout du nez dans un univers souvent aux limites de la folie. Trois cent pages d'une écriture précise qui nous happe de bout en bout. « Juste après la vague » est un conte moderne qui nous engloutit.... Aquaphobes, passez votre chemin !

Un monument littéraire de plus de 800 pages pour dire le mal, l'amour et la force indéfectible des amitiés, pour dire la colère d'un garçon qui n'a pu s'en libérer que dans l'abîme de sa vie d'homme... Une vie comme les autres, tracée à New York, convoque les lecteurs pour des nuits sans sommeil.

Un homme achète une coupe de bois en pleine montagne. Persuadé que le travail saura éloigner ses démons, il passera un automne et un hiver à couper du bois accompagné de quelques bûcherons volontaires. Mais si les arbres s'abattent, peut-on abattre un chagrin ? Un joli texte traduit de l'italien par Philippe Jaccottet. Une belle émotion !

Une parenthèse insulaire inattendue... Que du bonheur ?

Amour impossible et macédoine de légume. Après l'excellent Zai Zai Zai Zai, Fabcaro revient en force avec ce BIJOU d'absurdité !

Amour et névrose à Hollywood... Un scénariste désabusé trompe son ennui (et sa femme) avec une actrice éternellement en devenir ou déjà ratée...Vous pensez avoir déjà lu ce roman mille fois ? Que nenni ! Sous la plume de Alfred Hayes ce fiasco sentimental s'embrase. Ce roman écrit en 1958 sort enfin de l'ombre. Et on peut déjà vous dire qu'Alfred Hayes est l'écrivain américain le plus injustement méconnu !

Un village fictif de l'ancienne Allemagne de l'Est offre un cadre passionnant à «Brandebourg», grand roman social où Juli Zeh en donnant la parole à chaque habitant d'Unterlinden donne à lire toute l'histoire contemporaine de l'Allemagne entre les questions complexes liées à la réunification, l'arrivée massive des néo-ruraux berlinois bouleversant le prix des terres, les projets liés aux énergies propres...Et c'est bien l'installation future d'éoliennes qui va mettre un sacré coup de pied dans cette fourmilière ! Et comme il est de notoriété publique qu'à Unterlinden personne n'appelle la police pour régler les conflits, tout sera possible. Intelligent, nerveux à souhait... du grand art !!

LE BEAT PARFAIT+ la RDA+LE BAISEUR DE POULES, ou comment la musique suspend le temps! la quête du Maitre de musique pour interpréter le Beat parfait se mue en un travelling à Berlin Ouest, juste avant la chite du mur. On se régale de la prose tantôt gouailleuse, tantôt lyrique de Paul Beatty. Un très bel hommage au Funk mais surtout à ceux qui font la musique, ceux qui l'écoutent, ceux qui la vivent!

A travers la rencontre entre Madeline, ado élévée au coeur de la forêt et Paul, l'enfant de la ville, Emily Fridlund nous enracine littéralement dans cette terre déroutante et attachante du Minesotta. La rudesse de l'adolescente et l'insouciance de l'enfant qui s'accordent si bien au gré des saisons, viennent se heurter aux crasses illusions des adultes. Une déambulation hypnotique dans la forêt de l'enfance!

"Depuis que les cartes existent, l'homme sait qu'il s'est égaré, qu'il n'est pas là où il devrait être, qu'il n'est pas ICI. Il suffit d'abandonner les cartes pour reconnaître que nous sommes toujours bien à notre place." Le nombril du monde est le carnet de bord poétique d'un cartographe trop plein de certitudes envoyé à la découverte d'un pays inconnu. Il entame alors un voyage initiatique et onirique splendide. Au hasard des routes et déroutes, il perd ses repères, ses certitudes. Alors seulement le voyage devient l'égarement nécessaire qui lui permet de mieux se retrouver.

Il y a des romans que l'on referme et qui restent présents en nous. Des jours durant. Qui nous marquent, nous provoquent un sentiment un peu spécial. Celui-ci en fait partie. Troublant, touchant, il marque par son originalité et le réalisme de ses personnages en plein renouveau, en plein abandon à la vie. Les pages s'enchainent, on rit, on est surpris, on aime.

Ce n'est pas tous les jours que nous avons rendez-vous avec l'histoire littéraire. J'en appelle aux lecteurs vigilants et curieux : ne ratez pas la parution du Dossier M de Grégoire Bouillier ! Avec ce roman, l'auteur vient de marquer de son empreinte indélébile la littérature française du XXIe siècle. Rien que ça ! En instruisant le dossier M, Grégoire Bouillier se transforme en un John Coltrane proustien ("Je pars d'un point et je vais jusqu'au bout" expliquait le musicien pour expliquer son art) faisant de l'improvisation et de l'expérimentation littéraire un outil puissant qui serre (au plus près) et sert (au mieux) les événements qui nous construisent. Cette grande entreprise d'écriture et de remémoration lui permet ainsi de désosser le sentiment amoureux, d'éclairer ce que vivre veut dire dans l'époque qui est la notre (qui a vu Zorro se faire détrôner par J.R)...et à partir de l'intime toucher à l'universel. Impressionnant - Intelligent - Sensible - Drôle...

La litterature n'a pas fini d'explorer les limites de l'intime... Dans ce roman, Roxane Gay soulève et déroute la mémoire du corps et de l'esprit pour raconter l'histoire de Mireille qui, pour survivre à une violente séquestration, va littéralement s'effacer d'elle même. L'effroi ressenti face à ce qu'elle subit est pansé par l'émotion des souvenirs de son couple naissant. Et soudain, Mireille décide d'oublier tout ce qu'elle est, ce qu'elle a été, ce qu'elle ne sera probablement plus... A sa libération, la source de vie ainsi tarie, Mireille va s'affranchir de toutes les attentes de son clan et ira puiser dans la fuite et l'improbable, la force du retour à la vie, aux siens, à soi. Roxane Gay rend un hommage vibrant aux femmes, à celles qui forgent avec leurs faiblesses les forces telluriques de l'humanité!

Chaque rentrée littéraire ressemble à la ruée vers l'or...chaque libraire, chaque lecteur (ce qui au fond est la même chose) part à la conquête d'une pépite d'or cachée au milieu de beaucoup, mais beaucoup de cailloux. Alors c'est équipé de mes lunettes et de mon tamis que je me suis approché des éditions Corti, bien décidé à trouver un peu de cet or littéraire. Bingo !!!! La Bosco c'est Suzanne qu'on enterre en début de roman...c'est cette femme mystérieuse qui hante chaque membre de la petite famille...Mais qui est-elle vraiment ? Il faudra que Jacques, son mari, abandonne le cercueil à l'orée du cimétière et se réfugie dans un restaurant miteux perdu au milieu d'un nulle part que seul le Canada en propose pour révéler le secret de cette femme. Ce roman est une véritable fête païenne, une orgie burlesque où la profusion de mauvais vins et de mets peu ragoûtants permet à Jacques de dire la Bosco pour que celle-ci sorte enfin de sa solide légende et redevienne à jamais Suzanne.