Philippe Claudel
Livre de poche
août 2007
183 p.  5,90 €
 
 
 

Librairie Gibier (Pithiviers)

©Ill.Brigitte Lannaud Levy

À lire, à écrire, à imprimer, à peindre… Ici on aime le papier dans tous ses états. Et tout ce qui tourne autour. Si vous cherchez une taille d’agrafes ou de trombones bien particulière, telle cartouche d’encre très précise, vous avez toutes les chances de les trouver chez Gibier, une sorte d’épicerie fine de la papeterie, un vrai cabinet de curiosités. Autrefois, cette maison était une imprimerie créée par la famille Gibier en 1830. Au fil du temps, elle s’est diversifiée pour devenir imprimerie-librairie-papeterie et faire le bonheur de beaucoup. Seule librairie dans un périmètre de 40 kilomètres alentour, cette institution du Loiret s’est transmise sur six générations jusqu’à l’an passé où les deux frères Gibier, Antoine et Vincent-souhaitant prendre leur retraite et faute de repreneurs de sang- se sont tournés vers un repreneur de cœur, une ancienne journaliste passée  par le monde de l’édition et de l’imprimerie : Fabienne Boidot-Forget. Avec Vincent Gibier,  ils ont monté un plan de reprise en équipe et depuis octobre dernier elle gère seule les lieux. « Ici, on pense, parce que je suis là, que la maison est sauvée, mais croyez-moi il y a du pain sur la planche », nous explique cette passionnée qui a trouvé dans ce lieu unique la conjonction de tous ses centres d’intérêt : le livre, le papier, la littérature. Elle met l’humain au cœur de son projet. Sa volonté est de créer des liens au cours de rencontres avec les auteurs ou lors d’animations musicales au sein du rayon beaux-arts. Pour le scolaire elle a eu la bonne idée d’imaginer un service présenté par classe avec le nom des professeurs, ça facilite la vie de tout le monde. Et puis elle souhaite prendre le virage du numérique. C’est ainsi qu’elle rend la librairie très dynamique et visible sur les réseaux sociaux avec des comptes Facebook et Instagram très actifs. Elle envisage même la création d’une chaîne Youtube. Tout pour créer du lien.

Quel roman nous conseillez-vous de lire ?
« Les mal-aimés » de Jean-Christophe Tixier (Albin Michel) Ca se passe en 1884 au fin fond des Cévennes dans un bagne pour enfants appelé autrefois maison de correction. Chaque chapitre démarre par un extrait d’entrée et de sortie d’un enfant du bagne. Cette dernière est bien souvent la date de son décès tant les conditions y étaient difficiles. C’est un roman de terroir, hypnotique qui réhabilite ces enfants assassinés. C’est un roman très dur, mais d’une grande poésie. 

Et du côté de la littérature étrangère ?
« De si bons amis » de Joyce Maynard (Philippe Rey). Dans un style fluide et percutant, c’est un roman sur les amitiés toxiques. Une jeune femme fragile, alcoolique qui a perdu la garde de son fils rencontre un couple de grands bourgeois qui s’attache à elle. Ils lui redonnent confiance, mais elle se fait manipuler par eux. Ça se lit comme un polar qu’on ne lâche pas.

Y a-t-il un premier roman qui vous a marqué ?
« Alto Braco » de Vanessa Bamberger (Liana Levi). Dans la région de l’Aubrac, l’histoire de deux sœurs qui quittent leur terre natale pour ouvrir un Bougnat à Paris. L’histoire d’un secret de famille au cœur de l’Aveyron, du retour aux sources, aux racines. C’est remarquablement écrit et construit.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Je pourrais vous dire l’œuvre de Proust que j’avoue  ne pas avoir lue.  Mais je voudrais surtout me forger ma culture BD qui se limite à Asterix. J’aimerais aller plus loin et découvrir aussi des romans graphiques.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« La petite fille de monsieur Linh » de Philippe Claudel  (Le livre de poche).  C’est le livre que j’ai le plus offert. L’écriture est ciselée, l’histoire bouleversante  Un ouvrage court, comme une pépite. Qui aborde des sujets graves comme le deuil, la folie, l’exil. C’est magnifique.

Une brève de librairie
Un jour, un  jeune homme entre et m‘explique qu’il aimerait lire, mais qu’il n’en a pas envie. Il me demande de créer en lui ce désir de lecture. Un  magnifique défi.  Dans le fond, c’est ce que j’aime le plus dans ce métier. Si j’arrive à trouver la brèche, c’est gagné. Il y a ceux qui ont peur des livres, se sentent perdus ne sachant que choisir. Et c’est là tout le sel de notre profession : guider, conseiller, accompagner, soutenir.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie Gibier
26 Place du Martroi
45300 Pithiviers
02 38 30 01 60

 
 
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