Dérangé que je suis
Ali Zamir

Prix France Télévision
le tripode
janvier 2019
192 p.  17 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Noir, prenant, magnétique, lire « Dérangé que je suis » est une rareté riche d’un certain privilège. L’écriture est telle que la sidération mêlée de fierté ouvrent la voie d’un verbe hors du commun. Surdoué, le style affectionne les mots rares et anciens, telles des fleurs poussant sur le goudron. « Après avoir réfléchi, Dérangé que je suis, j’avais résolu d’appeler par charité exactement ceux qui m’avaient ri au nez et traité de Bélître. » Cette fable caustique prend racine dans le port de Murtsamudu. Dérangé se dévoile, en plongée dans ce monde des dockers pauvres, affamés, donnant des noms d’athlètes à leurs chariots. « Docker inconnu avec un chariot bâtard ! Pas de nom, pas de reconnaissance, donc pas de légitimité. » Dérangé croise en pavlovien jour Pirate, Pistolet et Pitié les surnommés Pipipi, Pieds-Nickelés bêtes et méchants. « Les Pipipi n’avaient pas cessé de décharger sur moi des regards féroces remplis de venin. Ils cherchaient à m’intimider par toutes sortes de grimaces et d’attitudes maniérées… » Dérangé va chuter. Symbole de l’impossible, écho d’un néant, proie certaine des arcades sociétales, marginales et de sa naïveté mise à rude épreuve. Ali Zamir est un génie. Il colore cette fable d’un naturalisme enchanteur. D’une immersion dans les mots qui s’échappent d’un glas annonciateur de l’irrévocable. « Un destin de Coelacanthe » « Blessure profonde et abyssale, mon pauvre corps est mortifié par votre agitation capricieuse. »Le lecteur est sonné, dérangé devenu, les lumières s’éteignent. Retenir de ce grand livre, l’incontournable et le magnifié verbal. La parabole d’une survivance bafouée par l’ingénuité et la niaiserie. A lire dans un port et vous verrez comme tout change ! « Dérangé que je suis » de Ali Zamir Publié par les Editions Le Tripode est en lice pour Le Prix France Télévisions Le Livre 2019 catégorie romans.

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