Rendez-vous à Samarra
John O'Hara

traduit de l'anglais par Marcelle Sibon, éditions révisée par Clément Ribes
L'Olivier
février 2019
284 p.  22 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Une petite ville à la loupe

En 1934, John O’Hara, contemporain de Fitzgerald et d’Hemingway, publie un roman encensé par la critique et par ses pairs. En ayant accès de nouveau à ce chef-d’œuvre devenu introuvable, le lecteur comptera à coup sûr John O’Hara parmi les plus grands écrivains de sa génération, scrutateur des petites villes américaines et de leurs habitants, des mesquineries et des drames intimes de la bourgeoisie provinciale pendant la Grande Dépression.

Gibbsville, Pennsylvanie : rendez-vous au country club

Dans cette petite ville de Pennsylvanie, les notables vivent sur Lantenengo Street et passent leurs soirées au country club où, malgré la prohibition mais grâce aux bootleggers, on boit beaucoup, on fume, on danse, on s’amuse sans vraiment ressentir les effets de la récession. Julian English fait partie de ces privilégiés, directeur du garage Cadillac de la ville et heureux en ménage. Nous sommes le soir de Noël, les discussions vont bon train au fumoir du cercle lorsque, sur une impulsion, un défi intérieur, un geste de sale gosse inexplicable, Julian jette son verre de whisky-soda à la figure de l’un des membres éminents, Harry Reilly, riche propriétaire de la compagnie des automobiles Cadillac. Par cette agression, véritable « catastrophe » au sens tragique du terme, Julian English se condamne à être rejeté au ban de la bonne société de Gibbsville. Bien qu’il cherche à réparer son geste, il est aspiré dans un tourbillon infernal dont on découvre le mécanisme en même temps que l’envers du décor : espionnage, hypocrisie, jalousies, rancœurs, alcoolisme, luxure, peur du scandale et de la pègre locale. Cette affaire démasque les traîtres, les infidèles, les arrivistes, sous l’emprise de dettes ou d’abus de pouvoir, rêves de jeunesse oubliés au profit d’un matérialisme qui cimente la société ; cruel et immoral, tel est le microcosme de Lantenengo Street, où celui qui enfreint les codes s’expose au pire. Par son sens aigu du détail, son art acéré du dialogue, sa maîtrise et son ironie sans concession, John O’Hara se hisse au rang des plus grands, des William Faulkner, Thomas Wolfe, et Richard Ford. Un classique de la littérature américaine.

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