Partigia: Primo Levi, la Résistance et la mémoire
Sergio Luzzatto

tradut de l'italien par Pierre-Emmanuel Dauzat
Gallimard
nrf essais
juin 2016
480 p.  26 €
ebook avec DRM 18,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Une enquête éblouissante

A dix ans Sergio Luzatto écoute sa mère lui lire à haute voix les lettres des condamnés à mort de la Résistance. En 1977, son professeur de lettres lui donne à lire « Si c’est un homme » de Primo Lévi qui le change « autant que la lecture peut changer un adolescent ». Doctorant de vingt-quatre ans, il apprend gare de Lyon la nouvelle de la mort de Primo Levi : « Je me souviens », écrit-il « du sentiment tout de suite clair, douloureux, lancinant, d’un vide qu’il serait impossible de combler ». Un jour de l’été 2008, alors qu’il est devenu un historien du fascisme, lors d’une excursion à la montagne avec ses enfants, au col de Joux, dans le Val d’Aoste, il s’arrête devant une stèle qui commémore l’arrestation de l’écrivain le 13 décembre 1943 à cet endroit. Depuis trois mois, Levi avait rejoint les rangs de la Résistance. Dans la nuit du 8 au 9 décembre 1943, son groupe fusille deux des leurs soupçonnés d’être des mouchards : » Nous nous étions trouvés obligés en conscience d’exécuter, une condamnation et nous l’avions fait ». Et d’ajouter : « Nous en étions sortis démolis, démoralisés, désireux de tout voir finir et de finir nous-mêmes ». Quatre jours plus tard, en « une spectrale aube de neige », les nazis-fascistes les arrêtent. Levi se déclare juif pour échapper à une exécution certaine : il est aussitôt envoyé à Auschwitz. Il apprendra plus tard, trop tard, qu’ils étaient probablement innocents. Ce « vilain secret » raconté par l’ancien déporté d’Auschwitz est le point de départ d’une enquête éblouissante dans l’Italie fasciste jusqu’à nos jours menée de main de maître.

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